Cameroun : Barthélemy Yaouda Hourgo, la nouvelle voix contestataire de l'Église face qui trouble le sommeil de Biya

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Tue, 28 Jan 2025 Source: www.camerounweb.com

Dans une homélie qui a fait l'effet d'une bombe début janvier, l'évêque de Yagoua s'est dressé contre une éventuelle candidature de Paul Biya à la présidentielle d'octobre 2025. Comme l'a révélé Jeune Afrique dans un portrait exclusif, ce prélat du septentrion s'inscrit dans la lignée des grandes figures contestataires de l'Église catholique camerounaise.

"Est-ce que vous pourriez donner une houe ou une machette à votre grand-père de 92 ans afin qu'il aille travailler dans un champ ?" Cette phrase cinglante prononcée lors des célébrations du Nouvel An a propulsé Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo sur le devant de la scène nationale. Comme le révèle Jeune Afrique, "jusqu'en décembre dernier, Barthélemy Yaouda Hourgo n'était encore qu'un modeste prélat de campagne, peu connu au-delà des frontières du diocèse dont il a la charge depuis 2008". Mais son sermon, dans lequel il n'a pas hésité à fustiger un gouvernement qui "intimide son peuple qui ne demande qu'à manger" et à appeler les citoyens à "prendre leurs responsabilités", a déclenché une onde de choc politique.

Selon le magazine panafricain, cette prise de position courageuse a provoqué "une avalanche de réactions : au sein du clergé, dont certains membres éminents lui ont emboîté le pas, mais aussi dans la sphère politique". Face à l'ampleur de la controverse, l'évêque s'est depuis mis en retrait des projecteurs. "Il craint que ses éventuels propos soient mal interprétés", confie à Jeune Afrique Guichard Dimona, aumônier de l'évêché de Yagoua.

Dans la lignée des grandes voix de l'Église

Son engagement s'inscrit dans une tradition de figures ecclésiastiques contestataires au Cameroun. Sa nomination comme évêque de Yagoua en 2008 le place dans les pas de Christian Tumi, qui y fut le premier évêque de 1979 à 1984. Comme le rappelle Jeune Afrique, Tumi avait marqué les esprits en demandant à Paul Biya "de surprendre tout le monde en se retirant" de la course à la présidentielle de 2018. Dans la même veine, Samuel Kleda, natif du diocèse de Yagoua, a récemment déclaré qu'une nouvelle candidature du chef de l'État serait "tout simplement pas réaliste".

Cette liberté de ton a provoqué une réaction virulente du pouvoir. Le président de l'Assemblée nationale, Cavayé Yéguié Djibril, originaire comme l'évêque de Tokombéré, a même recommandé au Vatican de "convoquer" le prélat, soucieux selon Jeune Afrique "de maintenir la mainmise qu'il entend avoir sur le septentrion".

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