Cameroun : Boko Haram crée la psychose, 8000 déplacés

Les groupes extrémistes utilisent des engins explosifs pour semer la psychose.

Sat, 23 Sep 2023 Source: L'Oeil du Sahel n°1849

Depuis le début de cette année, les djihadistes de Boko Haram sont en plein regain d’activité dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, par rapport à l’année dernière. Les extrémistes effectuent des incursions sporadiques à répétition. Connu pour des actions coordonnées d’ampleur, le groupe a perdu cette capacité, mais mène aujourd’hui des actions plus discrètes qui lui permettent de réoccuper ses positions d'antan. Ce regain d’insécurité est dû à différents éléments.

Notamment, une politique de non-violence à l’égard des civils, une forte criminalité, des vols massifs de bétail et des prises de commission sur les trafics d’armes, de stupéfiants ou de médicaments. Le modus operandi qui enchante depuis le début de l’année, c’est l’utilisation des engins explosifs improvisés (Eei). Les départements du Mayo-Tsanaga, du Mayo-Sava et du Logone-et-Chari demeurent les zones les plus touchées. Le mois ayant fait le plus grand nombre de déplacés est celui d’avril. «Dans la nuit du 16 avril 2023, un groupe armé non étatique (Gane) a attaqué simultanément un poste militaire, le village de Zeleved et un village voisin de Krawa-Mafa dans le district de Mayo Moskota, département du Mayo-Tsanaga.

Le Gane aurait enlevé deux civils et incendié plus de 500 maisons. De grandes quantités de nourriture et de produits non alimentaires ont été brûlées, et de nombreux biens, y compris des réserves de vivres, ont été pillés. À la suite de cette attaque et par crainte de nouvelles attaques, plus de 2 300 personnes vivant dans ces lieux se sont déplacées vers les localités de Moskota centre et de Koza centre, toujours dans le département du MayoTsanaga» lit-on dans le rapport du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) publié en juin dernier. Dans ce même rapport, on apprend que «depuis janvier 2023, le département du Mayo-Tsanaga a enregistré le déplacement interne de plus de 8 000 personnes.

Malgré les activités de réponse mises en œuvre par les partenaires humanitaires, les besoins restent élevés. L'accès humanitaire est également limité en raison de l'insécurité et du mauvais état des routes.» Cette nouvelle forme d’attaque de Boko Haram a bouleversé la vie des habitants de plusieurs villages. De l’avis de Boubaray, habitant de la zone, les populations vivent dans la peur. Travailler dans les champs en cette saison de pluie est devenu suicidaire selon lui. «Il y a de cela quelques mois, on a enlevé une personne dans notre village et on ne sait pas où elle se trouve. Des personnes sont chaque fois enlevées et ou tuées dans les champs. Les gens sont obligés de quitter le village pour trouver une zone où règne la sécurité», explique-t-il.

Source: L'Oeil du Sahel n°1849