La dame n'était plus là.
Le politologue camerounais rend hommage à une belle âme qui lui a prêté main forte dans un village inconnu lorsqu’il avait une panne de voiture. Sa surprise fut grande le jour qu’il est retourné sur les lieux pour saluer la dame qui lui avait offert l’hospitalité.
Il y'a environ un mois, alors que je me rendais dans le Sud, mon véhicule est fauché à mi- parcours, me laissant totalement désespéré. Impossible de continuer !
Seul dans ce petit bosquet, je repris rapidement espoir en apercevant une petite maisonnée en terre, non loin de moi.
Alors que j'avançais en direction de cette cabane dans l'espoir d'obtenir de l'aide, une maman toute souriante sortit à l'arrière de la case et m'interpella aussitôt :" Mon fils! C'est comment? Tu as un problème ?"
Je m'étais empressé de présenter ma situation à cette maman qui m'invita aussitôt à prendre place dans l'enceinte de sa cour. Elle courut me chercher une calebasse d'eau qu'elle ramena avec quelques mangues.
Pendant quatre bonnes heures, j'étais donc là, auprès de cette maman qui avait réussi à évacuer le stress qui m'habitait quelques heures plutôt. C'est elle par advertance, qui avait aperçu la remorqueuse grâce à laquelle j'avais pu ramener le véhicule à Yaoundé. Avant de repartir de là, je lui avais clairement dit qu'elle était mon ange dans cette petite bourgade perdue en forêt Équatoriale, que je ne savais pas ce que j'aurais pu faire à cet endroit là sans elle.
Cette mi-journée, en faisant le même trajet pour le Sud pour y prendre part aux obsèques d'un proche parent, j'ai pris soin de mettre de côté un petit paquet surprise à remettre à cette maman, mon ange qui m'a réconforté et hébergé alors que j'étais dans le désarroi il y'a quelques semaines.
Arrivé exactement à cet endroit en début d'après-midi , je garais mon véhicule avec enthousiasme et je sortais son plastique blanc avant de me diriger hâtivement vers cette case dont la vue m'était désormais familière.
À l'entrée de la case, une jeune dame vient à ma rencontre et sans lui laisser le temps de placer un mot, je lui lance : " Mbolo ! Où est la maman? Dis lui que son fils est là !"
D'un regard hagard, elle me regarde un moment et me répond : " Tu parles de maman SABINE ! Ma mère! La seule qui vivait ici. Elle nous a quitté la semaine passée. Elle est encore à la morgue". En ce moment précis, je me rendais compte que je ne connaissais même pas le nom de ma bienfaitrice!
J'ai senti mon souffle se couper. Je n'y comprenais rien et tout ce que j'ai pu faire était de tendre le petit paquet surprise à sa fille en lui disant : " Tenez madame! C'était pour votre maman en signe de reconnaissance !"
Le reste..juste des émotions et quelques souvenirs de cette belle âme, cette ange partie certainement au ciel.
En quittant les lieux, je plongeais aussitôt dans mes pensées en interrogeant cette occasion de méditation que le Maître du Temps, le Créateur venait de me dispenser.
Au moment où je rédige ce billet , j'y repense encore et je crois que la grande Moralité de cette histoire réside dans notre effort au quotidien à faire du Bien sans discriminations, sans intérêts ni calculs car au fond, la véritable rétribution réside dans le sacerdoce, dans le don d'humanité et d'Amour.
Merci à Maman SABINE pour ce cours magistral !!
