Cameroun : Edea cherche ses pédiatres

"C’est problématique. Je dirai même criminel "

Fri, 6 Oct 2023 Source: Le Messager

Les parents broient du noir à chaque fois que survient un cas de maladie infantile dans leur famille respective. Et pour cause, la ville est confrontée à un manque criard de pédiatres. Une situation qui met à chaque fois des milliers de vie innocente entre des mains inexpertes.

C’est problématique. Je dirai même criminel qu’une ville avec autant de populations n’ait pas de spécialiste pour adresser les problématiques de la petite enfance » . Ces propos sont ceux du pédopsychologue clinicien, Armand Happi. Le praticien s’indignait ainsi au cours de la visite de travail qu’il a effectué les 23 et 24 septembre dernier dans la ville d’Edéa. C’était à l’occasion d’une campagne de dépistage et de soutien aux personnes affectées par l’autisme. Evènement organisé à l’Hôpital régional annexe d’Edéa par Child’s Love Association. Pour mener à bon port ses activités dans cette formation hospitalière qui offre cependant des soins cliniques d’un très bon niveau grâce à son large panel de spécialistes, l’association humanitaire a dû recourir aux services de deux pédiatres venus de la capitale économique, Douala.

« Nous avons prévu un seul pédiatre au départ. Mais en travaillant avec les autorités, elles nous ont demandés d’en ajouter un deuxième, sinon le pédiatre allait être saturé » renseigne Elisabeth Bougha, la présidente de Child’s Love Association. Cette déclaration d’Elisabeth Bougha témoigne à suffire l’étendu des besoins en termes de soins pédiatriques dans la ville d’Edéa et le potentiel du marché dans ce secteur pour d’éventuels investisseurs privés.

Il faut rappeler que grâce à son potentiel économique et sa position géographique stratégique, la ville d’Edéa accueille de plus en plus de personnes qui viennent y chercher fortune et qui, avec le temps, finissent par s’y installer. Sa population est passée de 122 300 habitants selon une estimation de 2001 à environ 270 000 habitants aujourd’hui. La ville connait aussi un développement fulgurant et tangible des infrastructures hospitalières avec pour corollaire une diversification de l’offre de santé et un relèvement du plateau technique. Les cas les plus signifiants sont bien évidemment l’Hôpital régional annexe d’Edéa et le CMA de Delangué. S’il y a donc une seule chose qui manque au bonheur des habitants de la ville, « c’est bien évidemment l’affectation dans les meilleurs délais d’un pédiatre au moins à l’Hôpital régional d’Edéa » souhaite joseph Claude Nloga, militant des droits de l’homme à Edéa. L’affectation d’un pédiatre dans cette ville est d’autant plus urgente que tous cas gaves constatés dans les onze communes de la Sanaga maritime et dans le département de l’Océan - région du Sud - sont le plus souvent référés à l’hôpital régional annexe d’Edéa. « En l’absence d’un pédiatre dans la ville, les populations se débrouillent seulement comme elles peuvent » ajoute le militant des droits humains, Jean Claude Nloga.

Des personnes sans compétence

Cette situation qui n’a que trop duré est pourtant bien connue par « qui de droit » . « Comment comprendre que, malgré les demandes répétées formulées par les responsables de ces établissements hospitaliers, les autorités administratives et les élites, notre ville vienne aujourd’hui à manquer de pédiatre ?» s’interroge Jean Claude Nloga. Le calvaire enduré par les parents devrait pouvoir s’arrêter. La vie des enfants est tout le temps mise en danger car ces derniers sont quotidiennement pris en charge par « des personnes qui n’ont pas des compétences pour faire certains diagnostics » selon le Dr Happi. Il relève par ailleurs que « les services les plus demandés dans un hôpital sont la gynécologie et la pédiatrie » . Elisabeth Bougha, la présidente de Chid’s Love Association lance un cri en direction du ministère de la Santé Publique pour qu’une solution idoine soit urgemment trouvée à ce problème. « Nous tirons la sonnette d’alerte, dans la Sanaga maritime il n’y a pas de pédiatre. Or quand un enfant nait, avant sa sortie de l’hôpital, c’est le pédiatre qui donne son ok » . Vivement que ce que cette femme veut, Yaoundé le veuille aussi !

Source: Le Messager