Pour nous, de l’état de l’Etat dépend tout le reste. Car, l’Etat est un prestataire de services au profit de ses administrés. La transformation radicale du Cameroun repose sur un lifting du visage de l’Etat, c’est-à-dire la restructuration de l’esprit, des institutions et des démembrements par lesquels l’Etat délivre le service public. Ce n'est qu'ainsi que la perception négative de l'Etat changera et que la confiance des citoyens aux institutions sera restaurée.
Il faut donc mettre fin à la « bordélisation » de l’Etat.
Il est impératif que le Cameroun devienne un Etat de droit effectif. C’est-à-dire un Etat qui veille à l’application des règles convenues pour tous, et surtout qui s’applique ses propres règles. Les règles n’existent pas que pour les pauvres et les faibles, elles s’appliquent aussi aux riches, aux forts et à ceux qui exercent l’autorité de l’Etat.
Elles ne sont pas faites pour écraser et régler des comptes personnels. En effet, le sentiment d’un Etat qui ne signifie plus rien et qui est la propriété d’un groupuscule est devenu général. Cela est perceptible dans le comportement de ceux qui en incarnent l’autorité. Certains d’entre eux manipulent les institutions à leur guise, transforment les décisions de justice en chiffons, vident la signature de l’Etat de toute valeur, violent leurs propres signatures, bafouent publiquement et impunément la loi. On en est à douter de tout, même de la signature du Président de la République.
Aucun document n’est désormais fiable, les titres fonciers réputés définitifs et inattaquables sont administrativement annulés au quotidien. De flagrants faux en écriture publique, des imitations de signatures, des falsifications et des usages indus des armoiries et entêtes de l’Etat, passent au quotidien par pertes et profits. La loi du plus fort clan règne. Il plane une impression du tout est permis par ceux qui ont ou qui sont protégés par le pouvoir. Malheureusement ces agissements inconséquents privent l’Etat de ce qui fait son essence, à savoir instaurer la confiance et la quiétude.
Ils sabordent les efforts de ceux qui s’échinent à créer les conditions de bien-être collectif. Ils aiguisent l'obsession de l'ailleurs et poussent à l'exptriation des centaines de milliers de jeunes. La confusion qui en naît empêche même de distinguer les citoyens intègres des voyous. De l’extérieur, l’image de l’Etat est complètement discréditée. Aucun investisseur sérieux ne prend le risque d’investir dans un tel pays qui en plus est gangréné par la corruption, fille légitime de la bordélisation. La bonne gouvernance ne doit plus être invoquée comme un slogan. Nous avons l’intention d’en faire un crédo.
En effet, la bonne gouvernance renvoie à un système de gouvernement qui articule et associe les institutions politiques, les acteurs sociaux et les organisations privées, dans des processus d’élaboration et de mise en œuvre de choix collectifs capables de provoquer une adhésion active des citoyens. Des études économiques démontrent que, plus une société est tributaire d’une bonne gouvernance, plus elle bénéficie d’un niveau de développement humain élevé. Car, bien gouverner c’est écouter les citoyens. C’est pour cela que la voie par excellence d’expression citoyenne, c’est le vote. La qualité de l’élection est consubstantielle à la bonne gouvernance politique. Lorsque le peuple s’est choisi ses dirigeants, ceux-ci doivent lui laisser la possibilité de s’organiser, de faire valoir son opinion conformiste ou contraire tout au long du mandat. Le pouvoir absolu est inévitablement source d’arbitraire. La libération des énergies est inhérente à l’essor des contre-pouvoirs. On ne peut donc parler de bonne gouvernance que lorsqu’il y a un cadre permanent d’échanges réunissant les politiques, le secteur privé et la société civile. Parler de bonne gouvernance, c’est aussi rationaliser la dépense publique.
Enfin, bien gouverner, c’est également respecter la sacralité de la chose publique et du service public. Eradiquer la corruption comme nous l’avons dit dès l’entame, devient un impératif absolu et un préalable. Le Cameroun en ratifiant la Charte Africaine de la Démocratie et de la Gouvernance (CADEG) le 15 janvier 2012, a non seulement permis à ce standard unique d’entrer en vigueur en Afrique par le dépôt du 15ème instrument de ratification, mais il a surtout pris une option éthique pour la consolidation de laquelle il doit conquérir le leadership en Afrique.