Le Secrétaire Général de la Présidence organise la stratégie électorale du président sortant
À quelques mois de l'élection présidentielle d'octobre, Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence, a pris en main l'organisation de la campagne de Paul Biya. Une initiative qui soulève des questions sur l'état de santé du chef de l'État et sa capacité à diriger personnellement sa propre campagne.
Le 1er juillet, Ferdinand Ngoh Ngoh a révélé l'existence d'un "Comité stratégique de préparation de la campagne de Paul Biya", une structure qui n'apparaît dans aucun organigramme officiel. Cette initiative intervient peu après l'annonce des candidatures des ministres Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, marquant leur rupture avec le RDPC.
Jusqu'au 8 juillet, le Secrétaire Général a mené des consultations avec les responsables des dix régions du pays, confirmant aux délégations reçues au palais de l'Unité que le président serait candidat à sa propre succession.
Face aux élus du Nord, Ferdinand Ngoh Ngoh a minimisé l'influence politique des transfuges, rappelant que leurs partis - le FSNC et l'UNDP - avaient largement bénéficié du soutien du RDPC. Il a insisté sur l'incapacité de ces formations à rivaliser avec le parti au pouvoir.
Les consultations ont également permis de recueillir les doléances des populations. Les élus de l'Adamaoua ont notamment souligné le besoin crucial d'infrastructures stratégiques, plaidant pour que certains chantiers débutent avant l'élection afin de reconquérir un électorat de plus en plus séduit par l'opposition.
Le nouveau comité stratégique prévoit de faire de l'annonce de la candidature de Paul Biya un moment fort de la campagne. Selon des rumeurs, cette annonce se ferait par le biais d'une lettre adressée aux Camerounais, évitant ainsi l'aval du bureau politique du RDPC.
Cette approche est contestée en interne. Léon Theiller Onana, un élu local, réclame depuis plusieurs fois la tenue d'un congrès - le dernier remonte à 2011. N'ayant pas été entendu, il a saisi la justice avant de se déclarer candidat sous les couleurs du RDPC, sans succès pour l'instant.
L'omniprésence de Ferdinand Ngoh Ngoh suscite des contestations concernant son autorité en matière électorale. Le choix du palais de l'Unité pour les consultations a également créé des frictions, certains y voyant une marginalisation du parti au profit du secrétariat général.
Pour faire taire les voix dissidentes, le Secrétaire Général a enjoint ses interlocuteurs à une mobilisation sans faille sur le terrain, promettant que des stratégies de conquête électorale seraient bientôt définies.
L'omniprésence de Ferdinand Ngoh Ngoh dans la campagne relance les interrogations persistantes sur l'état de santé de Paul Biya et sur son absence des affaires courantes. Cette situation permet à son secrétaire général de "gouverner par procuration", une perspective qui alimente les craintes et les discours de l'opposition depuis des années.
La candidature de Paul Biya, bien que quasi-certaine, reste officiellement non annoncée, laissant planer le mystère sur les modalités de cette campagne présidentielle qui s'annonce déjà atypique.