Entrée timide en guerre du Cameroun contre Boko Haram; jeu trouble du Nigéria à Bakassi; Paul Biya et Muhammadu Buhari ont tenu à “rassurer” sur ces questions mercredi à Abuja
Le deuxième et dernier jour de la visite d’Etat de Paul Biya au Nigéria, mercredi 04 mai, a été marqué par la lecture d’un communiqué conjoint et une conférence de presse accordée par le chef d’Etat du Cameroun et son homologue du Nigéria.
Premier à être interpellé, Paul Biya, par un journaliste nigérian de la chaîne Channels Television, sur la polémique qui a précédé l’entrée en guerre du Cameroun, en mai 2014, contre Boko Haram. Le Cameroun avait été qualifié avant cette date de “base arrière” du groupe terroriste, situation qui aurait été notamment la source des relations conflictuelles qu’on a prêtées au chef d’Etat camerounais et à l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, prédécesseur de Muhammadu Buhari
“A aucun moment le Cameroun n’a été indifférent vis--à-vis de Boko Haram. C’est vrai, j’ai entendu pour la première fois cette idée, cette critique, dans une conférence européenne que le Cameroun servait de base arrière aux Boko Haram. Franchement, j’en étais surpris, je tombais des nues. Qu’est-ce qui peut nous rapprocher du Boko Haram? l’idéologie? l’intérêt financier? la religion? Je ne vois pas. L’Islam chez nous est orthodoxe. C’était une mauvaise information, nous avons toujours combattu le terrorisme et nous n’avons fait qu’amplifier cette action. Je crois que tout le monde voit aujourd’hui que le Cameroun est pleinement engagé aux côtés du Nigéria, du Tchad et du Niger dans ce combat qui est capital pour notre région. L’information était fausse, je tiens à la démentir aujourd’hui”, a répondu Paul Biya.
La deuxième et dernière question posée lors de la conférence de presse donnée ce mercredi dans l’une des salles du Transcorp Hilton Hotel d’Abuja, l’a été par un journaliste du quotidien gouvernemental camerounais Cameroon Tribune. Objet de la question: le commentaire de Muhammadu Buhari sur les rumeurs et autres “informations” faisant état de l’exploitation, en cours, des ressources pétrolifères et halieutiques de la péninsule de Bakassi par le Nigéria.
Pour rappel, le Cameroun et le Nigéria se sont disputés la péninsule de Bakassi, située dans le Sud-Ouest Cameroun, pendant 15 ans. L’armée nigériane l’avait occupée en premier, en 1993. Saisie à l’initiative du Cameroun, la Cour internationale de justice (CIJ), basée à la Haye aux Pays-Bas, avait rendu un arrêt en 2002 accordant la souveraineté du Cameroun sur ce territoire. Six ans plus tard, Bakassi avait été officiellement rétrocédé au Cameroun, en vertu de l’application de l’arrêt rendu par la CIJ. Les troupes nigérianes avaient accepté leur retrait de la péninsule en 2008, sur une période transition de cinq ans, période à l’issue de laquelle le Cameroun devait exercer la pleine souveraineté sur la péninsule. Souveraineté qui serait remise en cause par des actes hostiles venus du Nigéria.
En guise de réponse, Muhammadu Buhari a tenu à “rassurer” l’opinion publique et les autorités camerounaises expliquant que des “experts” avaient été commis pour mener une enquête y relative. “ils vont travailler et ils vont soumettre leurs recommandations; et si le président, mon homologue du Cameroun, et moi, sommes là au moment où ils auront terminé leur travail, on va regarder et on va décider ce qui sera bon pour nous mutuellement. Mais je tiens encore à dire que les Camerounais soient rassurés”, a déclaré le président de la première puissance économique du continent.
Muhamadu Buhari a aussi indiqué que “le contentieux a été jugé par la Cour internationale de justice”. “le Nigéria est un pays qui respecte la loi”, a-t-il assuré.