Cameroun : ‘Nous avons une scène politique truffée de charlatans’

Marche Du MRC 780x440.png David annonce les couleurs de la présidentielle

Sun, 5 May 2024 Source: www.camerounweb.com

Convaincu qu’au Cameroun les leaders politique n’aiment pas la réflexion,

Boniface Pascal Mbeng Enama, inspecteur principal des affaires sociales félicite David Eboutou pour son engagement et surtout pour les sujets qu’il compte aborder. Il lui prodigue quelques conseils dans cette lettre ouverte.

Mon cher frère,

Comme tous les weekends je vais consacrer mon temps à la situation politique de mon pays. Je viens d’achever une lettre que je faisais à Monseigneur KlEDA, Archevêque de Douala, en réaction à une de ses vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, relative à l’entrée forcée des fonctionnaires dans le parti au pouvoir, le RDPC. Puisque je n’ai pas son contact, et pour ta gouverne, je vais te la transmettre à toutes fins utiles.

Il est pour moi, comme toi, une des personnes par lesquelles le salut du Cameroun est possible. Je me dois de lui donner des informations plus précises sur des sujets sur lesquels, par intuition, il pressent des situations latentes très graves. Je suis sûr que par son Charisme personnel et son aura de Prélat il est une réelle ressource pour ceux qui, comme toi, pensent que 2025 ne se fera pas sans eux.

Mon très cher frère ;

Je tiens à te féliciter pour ton engagement. Je crois en toi et je sais que si tu y crois toi-même et surtout si tu crois en toi, tu iras jusqu’au bout. Je tenais surtout à te féliciter pour ton post sur Facebook d’il y a deux jours où tu écrivais que : Au CPF-2025, nous avons un positionnement idéologique Panafricaniste. Nous voulons l’avis des leaders politiques sur des sujets tels le Franc CFA, les accords coloniaux, la françafrique. »

Je ne sais pas si tu as eu un engouement de leaders politiques ou ceux qui se revendiquent comme tels. En tout cas je suis sûr que beaucoup d’entre eux ne se passionnent pas pour la réflexion. Ils ne répondront que lorsqu’il s’agira des sujets d’un trivialité néolithique, comme l’inscription sur les listes électorales et le candidat unique de l’opposition. Nous avons une scène politique truffée de charlatans qui n’ont aucune alternative à proposer aux camerounais. C’est pourquoi je pense effectivement que la campagne d’inscription sur les listes électorales est une escroquerie intellectuelle, une publicité mensongère à la limite, donc passible de poursuites judiciaires.

Tu me vois venir !!! le premier gage de réussite est de marquer ta différence, celle d’un intellectuel, celle d’un chercheur. Toute démarche vers les autres membres de l’oppositions avec laquelle la similitude repose sur un critère qui ne renvoie à aucune valeur, celui de l’âge me semble du déjà vu et du déjà entendu. Les résultats de ce type de démarche ne sont que compromission.

Par contre, des conférences, des tables rondes, des séminaires, des directs, sur des sujets comme ceux évoqués dans le post suscité me semblent être une démarche plus pertinente à 16 mois d’une élection présidentielle, à laquelle on veut participer. Il faut donner un contenu idéologique aux slogans, il faut être capable de justifier le besoin de changement. Nul ne peut être porteur de changement positif, s’il est incapable de donner les éléments objectifs d’un échec. Un système politique est certes porté par les hommes, mais le changement des hommes n’entraîne pas nécessairement un changement de système politique. La scène politique camerounaise est déserte de diagnostics mais peuplée de constats.

Est-il vraiment ingénieux aujourd’hui de dire que ça va mal au Cameroun. Le dire fait-il d’un homme politique un sauveur ou acteur du changement ? encore que ceux qui le disent soufrent-ils vraiment ?

Mon très cher frère,

Permets-moi dans ce sens, de marquer mon premier désaccord avec toi : « le panafricanisme n’est pas une idéologie » c’est une idée adoubée, par l’occident pour égarer davantage les africains en particulier et les noirs en général de leurs identités. Il y en a plusieurs. Il s’agit d’un concept qui laisse penser que le point commun à une race est un continent mieux, un espace géographique. Qu’elle aberration !!! Comme Le Panasiatisme, le pan européanisme ne sauraient être des idéologies. L’idée se résumerait à un désir affectif de se regrouper selon un critère aléatoire.

J’ai consacré la deuxième partie au total, trois chapitres, de mon ouvrage « les enjeux de l’élection présidentielle au Cameroun » paru aux éditions jets d’encre à Paris à traiter de la construction d’une idéologie. Cette partie est intitulée, « l’idéologie des partis politique de l’opposition au Cameroun »

Dans le premier, je passe en revue les documents politiques présentés pour l’élection présidentielle de 2018 par les trois partis politiques arrivés respectivement premier, deuxième et troisième, le MRC, le PCRN et le SDF, à la recherche des fondements idéologiques. Malheureusement pour le déplorer je suis arrivé à l’évidence que tous les partis politiques se sont positionnés idéologiquement sur une mauvaise compréhension des concepts utilisés par Kar Marx.

Dans un second chapitre, j’ai suivi l’itinéraire de la construction idéologique de Karl Marx pour donner aux partis politiques camerounais un exemple de construction idéologique. J’ai établi que l’idéologie est consubstantielle à l’histoire, mieux à la construction ontologique des êtres dans leur évolution dans le temps. C’est un chapitre que j’ai titré : » l’erreur de la construction idéologique des partis politiques de l’opposition au Cameroun.

Dans le troisième chapitre de cette partie j’ai essayé de donner les éléments clés de la construction d’une idéologie politique au Cameroun à partir de l’itinéraire de Marx. Il est titré « une esquisse de l’itinéraire intellectuel de la construction idéologique au Cameroun par analogie à l’itinéraire de Karl Marx ». On en arrive à la conclusion qu’une idéologie se construit à partir de la relation entre des entités historiques. Chez Marx il s’agit de la relation entre l’individu et l’Etat, pur produit d’une société où l’ordre social est Etatique. Il ne saurait en être le cas en Afrique et qui plus est au Cameroun.

Mon très Cher frère,

Je ne suis pas RDPCISTE, mais ce cheminement intellectuel a abouti à la conclusion implacable que le seul parti qui s’appuie sur un socle idéologique construit est le RDPC. Cette conclusion c’est un article publié dans les Presses Universitaires de France, en 2004, sur le thème le libéralisme -moderne comme un nouvel humanisme, de Andrzej Szahaj, qui dévoile le mystère que cache le concept libéralisme communautaire.

Voici ce qu’il en dit : « nous pouvons identifier trois modèles principaux de pensée au sujet du statut des principes moraux : « 1. des principes moraux universels qui s’appliquent à toutes les sociétés sous la conduite d’une rationalité pratique universelle ; 2. des principes moraux dépendant de la tradition qui sont néanmoins justifiés par l’éthique du discours de sorte qu’ils peuvent transcender leur tradition et 3. des principes moraux dépendant de la tradition qui ne sont défendus que par la rationalité pratique reliée à la tradition ». Le libéralisme post-moderne paraît s’accorder avec la troisième option. Celui-ci peut accepter la conviction que la source de nos idées sur le bien est presque toujours communautaire. Il s’agit ici de deux problèmes différents : la genèse culturelle ou communautaire de nos croyances, et leur contenu particulier. »

Mon très cher frère,

Le Panafricanisme est un mensonge historique, les africains, mieux les noirs n’ont pas en commun l’esclavage et la domination. Les Etudes que j’ai menées sur les archives historiques du Cameroun m’ont montré que le territoire qui sera plus tard le Cameroun n’a jamais été dominé, c’est avec l’indépendance et son corollaire d’accord et textes juridiques que la dépendance s’est installée. Ce qui est vrai pour le Cameroun l’est aussi pour la Casamance où je mène en ce moment des travaux de recherches pour un organisme international. Ce territoire n’a jamais été dominé. Il y a eu un glissement historique dont je me réserve de dévoiler les contours ici par devoir.

Je t’invite donc à plus de réflexion, tu es un chercheur donc c’est un exercice simple pour toi d’innover. Je suis prêt à participer aux débats pour animer toute plate-forme qui servirait à alimenter le débat politique au Cameroun vers des choses plus anabolisantes, en fonction de mon emploi du temps. Je crois qu’il faut chercher ailleurs les raisons de l’échec du RDPC. On ne change pas ce qui est bien, on corrige ce qui « n’a pas marché ».

Bien des choses à ta famille et à toi

Courage !!!!

Source: www.camerounweb.com