Cameroun : 'Nous ne sommes pas sous une monarchie'

'Il y a de cela trois ans, j’ai été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC)'

Wed, 3 May 2023 Source: Le Messager du 03-5-2023

«Nous ne sommes pas sous une monarchie… »

Après avoir été victime il y a quelques années d’un accident vasculaire cérébral, l’artiste est de retour auprès de ses nombreux fans avec un nouvel album baptisé « Ali Bomayé » en référence au célèbre combat de boxe qui avait opposé Mohamed Ali et Je Foreman à Kinshassa dans les années 1978 et qui fut remporté magistralement par celui qui était alors le chouchou de toute l’Afrique. Dans cet entretien à bâton rompu avec le Messager, Le maréchal se lâche sur la situation actuelle du pays en cette période où une transition politique s’annonce à l’horizon.

Ça fait un bon bout de temps qu’on ne vous a pas vu sur la scène musicale, à quoi est due cette longue absence ?

Il y a de cela trois ans, j’ai été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), qui a entraîné une paralysie d’une partie de mon corps, les médecins qui ont assuré mes soins m’avaient recommandé un repos complet jusqu’à recouvrement d’une certaine autonomie. La situation se rétablissant au fur et à mesure, il m’a été possible de revenir au-devant de la scène.

Vous êtes de retour auprès de vos nombreux fans avec un nouvel Album, comment s’est déroulée sa réalisation dans ce contexte difficile ?

Comme je le disais tantôt, à la faveur du recouvrement de la santé et en pleine convalescence, l’inspiration s’accroissant, il était évident qu’il fallait que je fasse ce que je sais, le mieux faire, la musique, entrer en studio pour la réalisation d’un nouvel album que j’ai baptisé Ali Bomayé.

Parlons précisément du titre phare de cet album. Ali Bomayé, qu’est-ce-qui vous a inspiré et quel est le message qu’il véhicule ?

Ali Bomayé fait référence au célèbre combat de boxe qui avait opposé Mohamed Ali et Je Foreman à Kinshassa dans les années 1978 et qui fut remporté magistralement par celui qui était alors le chouchou de toute l’Afrique et était encouragé et ovationné par presque tout le public qui scandait ‘’Ali Bomayé’’, lors de ce combat. Ce qui voulait dire ‘’Ali tu le’’. Durant toute cette longue période de maladie et de convalescence et au vue des souffrances et obstacles surmontés à cet effet, en plus de convoquer se posaient dans la production de ce nouvel album, il m’a semblé opportun d’adopter ce titre, pour signifier le fait que j’ai vaincu la maladie et l’adversité de manière générale. Je rends ainsi grâce au Très haut pour ses merveilles à mon endroit. Le message que j’adresse à tous et surtout à la jeunesse, c’est de ne jamais se laisser abattre par l’adversité et de s’armer de foi et de détermination pour surmonter les obstacles qui s’opposent à notre réussite dans la vie.

Votre absence s’est fait ressentir également dans l’organisation de spectacle, votre retour avec « Ali Bomayé » annonce-t-il de nouveaux spectacles, en perspective ?

Comme vous le dites si bien, le Comité Musical de Lutte contre la Piraterie (CML CA) association de culturelle dont je suis le Président s’est illustré pendant des années dans l’organisation des spectacles d’envergure et la défense des droits des artistes. Nous avons pris tellement de risque pour animer la chose culturelle dans notre pays. Mais je vous assure que ce n’est pas facile. J’ai comme impression que les gens qui ont la charge de promouvoir la culture ont démissionné de leur mission. La plupart des entreprises n’accompagnent presque plus les promoteurs de spectacles et autres évènements culturels, ce qui oblige ces derniers à lâcher du liste. Certaines de ces entreprises sont devenues elles-mêmes organisatrices de spectacle au grand dam des producteurs de spectacle que nous sommes. Malgré cette situation déplorable, je pense qu’il est toujours possible de faire quelque chose. Effectivement, avec ce retour au-devant de la scène, nous programmons de déployer plusieurs activités pour promouvoir la sortie de ce nouvel album et célébrer les 35 années de productivité musicale du Maréchal Papillon, avec des manifestations et spectacles sur lesquels nous communiquerons en temps opportun.

On connait votre implication et engagement dans la lutte contre la contrefaçon et la piraterie, à travers l’association dont vous assurez la présidence, peut-on espérer que des actions d’envergure soient à nouveau entamées pour faire face à ce phénomène musical à l’industrie musicale ?

Vous savez, la lutte contre la piraterie et la contrefaçon est un combat de tous, car la piraterie tue l’art et c’est la créativité qui est ainsi en danger. Donc, ce n’est pas uniquement l’affaire de Papillon ni du CMLCP. Néanmoins, nous continuons le combat à notre niveau. Il faut sensibiliser nos populations, sur les méfaits de ce fléau dévastateur, à travers de grandes campagnes de communication et d’autres actions sur le terrain, comme nous l’avons fait par le passé. Nous formulons alors le vœu de bénéficier de l’accompagnement des autorités publiques et des acteurs économiques dans de nouvelles initiatives allant dans ce sens.

Cet Album couronne vos 35 années de productivité musicale, quelle est la valeur ajoutée de « Ali Bomayé » par rapport aux albums précédentes ?

« Ali Bomayé » est un album de maturité, bien au-delà de mes attentes. C’est un album varié en matière de rythmes musicaux et qui a été travaillé sur le plan rythmique et mélodique en profondeur, ce qui ne laissera aucun mélomane et amateur de bonne musique indifférent.

Il est de plus en plus courant aujourd’hui de voir les artistes faire des singles. Pourquoi le choix d’un album complet de votre part ?

Ça dépend de chaque artiste et des objectifs que chacun se fixe. « Ali Bomayé » c’est un album qui couronne mes 35 années de productivité musicale, alors, j’ai pensé faire différemment des autres et me faire plaisir à moi-même par quelque chose de consistant, surtout que la musique est la quintessence de ma vie et elle m’a tout donné.

De nombreux problèmes persistant continuent à plomber le bon fonctionnement des organismes de gestion collective de droit d’auteur au Cameroun. A votre avis, quelle est la cause et pensez- vous que les artistes puissent vraiment vivre de leur art dans notre pays ?

A mon avis, certains de mes confrères confondent la confrontation à la confiserie, la forme et le fond. Le gouvernement a fait ce qu’il faillait, en dotant ce secteur de loi et de règlements qu’il nous faut respecter dans la lettre et l’Esprit. Mais certains individus font tout pour fausser la bonne marche des choses et nous embourber dans des querelles inutiles. Or nous devons toujours nous rappeler que nous avons les mêmes intérêts et le même combat à mener pour la préservation de nos droits. Alors force doit toujours revenir à la loi, car les lois ne sont pas les loisirs et le droit ne saurait être maladroit. J’exhorte donc mes confrères à prendre le chemin des studios pour faire des albums, au lieu de devenir des perroquets qui chantent à longueur de journée sans issue de sortie.

Vous êtes une personnalité publique de premier rang dont l’opinion compte dans notre société. Que pensez-vous de la situation actuelle du pays en cette période où une transition politique s’annonce à l’horizon et qui est-ce-qui de votre point de vue peut assurer une transition apaisée ?

Nous sommes un pays en voie de développement ; où la démocratie fait son petit bonhomme de chemin. Il faut tout simplement que nous ayons des institutions fortes. Nous ne sommes pas sous une monarchie, comme l’a si bien souvent rappelé le Président de la République. Il faudra bien que l’intérêt général puisse l’emporter sur des intérêts individualistes et égoïstes de quelques un, pour ne pas transformer le pays en la cour du Roi Pétaud. Le Cameroun compte en son sein des grands hommes, surtout dans les sphères politiques. Il leur revient donc de tout mettre en œuvre pour assurer à la nation une transition politique qui s’annonce primordiale, un caractère apaisé, afin d’éviter au pays le calvaire à l’Ivoirienne.

Vous prévoyez pour la sortie de votre nouvel Album une cérémonie de présentation le 19 Mai 2023 à la Salle de Fête Arena à Bonamoussadi. Qu’aura-t-il de particulier à cette occasion ?

Pour ceux qui ont souvent assisté aux manifestations organisées par le Comité Musicale de Lutte contre la Piraterie (CMLCP), ils savent bien que nous respectons le public, nous sommes méticuleux en ce qui concerne l’organisation et le respect du timing. Cette fois-ci nous ne ménagerons aucun effort pour égayer nos invités et leur faire vivre une autre expérience joyeuse et inoubliable avec beaucoup de surprises.

Source: Le Messager du 03-5-2023