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Cameroun : Plaidoyer pour une coalition Osc-médias dans la défense des causes citoyennes

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Jeu., 30 Mars 2023 Source: www.camerounweb.com

Depuis le lundi, 27 mars 2023, se tient, à Yaoundé et ce jusqu'à ce jeudi, 30 mars 2023, un séminaire international de renforcement des capacités de la société civile camerounaise sur les dettes illégitimes, leurs impacts sur les droits humains et les alternatives possibles. Organisé par le Réseau Afrique du comité pour l'abolition des dettes illégitimes, mouvement social présent dans quinze pays africains, cet atelier de formation vise à renforcer les synergies Sud-Sud face aux incidences des dettes publiques et privées sur les droits humains. Dans un contexte de fragilisation des Organisations de la société civile camerounaise, il a été démontré aussi que les mass médias n'assurent pas un rôle de veille citoyenne dans le traitement de la question de l'endettement au Cameroun. Zoom sur les facteurs de la démobilisation des médias dans l'analyse des problématiques économiques

Faible implication des mass médias dans le traitement des questions liées à l'endettement au Cameroun

Dix facteurs structurel, conjoncturel, organisationnel et fonctionnel ont été répertoriés et aident à comprendre pourquoi les mass médias ne jouent pas, de manière générale, le rôle de veille citoyenne, d'influence et de plaidoyer pour porter au sein de l'opinion publique nationale et internationale les problématiques liées à l'endettement au Cameroun. Le premier facteur est celui de la pauvreté des services rédactionnels des médias en ressources humaines susceptibles de traiter de telles questions de fond. Le deuxième facteur est celui de l'absence des journalistes spécialistes des questions économiques et, singulièrement, des journalistes spécialistes de la Finance, de la comptabilité, de la fiscalité, de la banque, de la statistique, de la gestion et de l'intégration sous-régionale.

Le troisième facteur est lié au manque d'engagement, voire à la paresse des journalistes à trouver la litanie d'experts dans ces domaines de compétence pour analyser, de fond en comble, les problématiques de fond liées à l'endettement, au surendettement, au rééchelonnement, à l'ajustement structurel et au reendettement. Pourtant, il y a une variété d'expertises disponibles autant dans les universités d'État du Cameroun que dans les Instituts privés de l'enseignement supérieur (Ipes). Le quatrième est relatif au faible capital culturel des journalistes pour analyser, interpréter et décrypter les sujets économiques cruciaux concernant la vie de la nation tout entière. Le cinquième facteur a trait à la réticence des médias à traiter des sujets qui fâchent. A ce giron, c'est la posture éditoriale de tout média qui est questionnée.

Le sixième facteur porte sur l'absence d'un suivi des médias sur les questions liées, par exemple, aux dettes publiques, aux dettes privées, aux dettes illégales, aux dettes illégitimes, aux dettes odieuses, ainsi qu'aux dettes insoutenables. Aussi l'absence de suivi des médias a-t-elle été relevée sur les sujets tels que les Programmes d'ajustement structurel (Pas), l'initiative pays pauvre très endettés (Ippte), le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp), le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (Dsce), la Stratégie nationale de développement (Snd 20-30), ainsi que sur les thèmes traitant du Contrat de désendettement et de développement (C2D), du Fcfa et des Accords de partenariat économique (Ape).

Le septième facteur caractérisant l'absence de veille citoyenne sur les questions économiques est l'inexistence des associations des journalistes et des Syndicats des journalistes économiques du Cameroun capables de participer, de manière permanente, à la formation des pairs sur les questions brûlantes en matière économique. Au-delà de la défense des droits et intérêts des professionnels de l'information, ces organes doivent œuvrer pour la formation des cadets professionnels sur les thématiques économiques, dont les enjeux officieux et officiel ne sont toujours pas perçus au premier abord.

Le huitième facteur se rapporte à la disparition des grandes plumes dans les rédactions des médias à capitaux publics et privés, dont le rôle consistait à traiter, scientifiquement, les problématiques économiques, politiques dans les genres d'opinion (analyse, commentaire, chronique et éditorial). Le neuvième facteur est lié au déficit d'experts ouverts au débat public. Ces derniers restent, en effet, cloîtrés dans les amphithéâtres et salles de cours des universités d'État et des Instituts privés de l'enseignement supérieur (Ipes). L'on note, de plus en plus, des universitaires carriéristes, opportunistes et pouvoiristes en quête de positions de pouvoir, d'influence et d'autorité dans les strates bureaucratiques ou, du moins, dans les sphères de prise de position.

Le dixième facteur marquant l'absence de veille citoyenne sur les questions de l'endettement est relatif au manque de proactivité des Organisations de la société civile sur les problématiques économiques de l'heure. Par le passé, Bernard Njonga, ancien président de l'Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) le faisait à travers l'initiation des actions de contestation sur la voie publique. L'on se souvient des actions de dénonciation du poulet congelé, du maïs importé, des tracteurs abandonnés, des sacs de riz abandonnés à Yagoua. En dehors de ce leader de la société civile décédé en 2020 et à qui nous rendons hommage, il reste, aujourd'hui, quelques-uns qui continuent d'assurer cette veille citoyenne au sein de l'espace public. Jean-Marc Bikoko, président de la Centrale syndicale du secteur public (Csp) et point focal de la Cameroon workers forum (Cawof), Hilaire Kamga, promoteur de la plateforme de la société civile pour la citoyenneté et la démocratie, Maximilienne Ngo Mbe, Directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), Philippe Nanga, coordonnateur national de l'Ong "Un Monde Avenir", Cyrille Rolande Bechon, Directrice exécutive de Nouveaux droits de l'homme (Ndh) et Michèle Abe, coordonnatrice de la Plateforme indépendante de la jeunesse pour la démocratie et la citoyenneté active(Pijedeca). Vivement que les journalistes emboîtent régulièrement et quotidiennement le pas à ces leaders des Organisations de la société civile (Osc), qui restent, en permanence, en éveil pour renforcer la synergie Osc-médias dans la dynamique de lutte contre les maux qui environnent l'espace public et, en particulier, l'endettement dans le continent africain et au Cameroun en l'occurrence. Dans le dessein de la construction de cette coalition Osc-médias, Les journalistes doivent rester et demeurer des instruments d'information, d'éducation, de sensibilisation, de communication, de pression, de veille citoyenne, d'anticipation, de mobilisation, d'influence et de plaidoyer pour la défense des causes citoyennes.

Source: www.camerounweb.com