Cameroun-Russie: les yeux dans les yeux

Poutine et Paul Biya

Sat, 9 Dec 2023 Source: INTÉGRATION N°586

Parmi les projets de loi soumis à l’étude des législateurs camerounais en cette fin d’année 2023, il y a celui relatif aux relations entre le Cameroun et la Russie. Il s’agit de celui autorisant le président de la République du Cameroun à ratifier l’Accord avec la Russie quant à l’élimination réciproque de l’obligation des visas pour les détenteurs de passeport diplomatique ou de service.

Les clauses de ce traité stipulent que, grâce à leur passeport, les ressortissants des deux pays pourront entrer sur le territoire de l’une comme de l’autre partie. Ceci pour un séjour de 90 jours, à compter de la date d’entrée. Les facilités, apprend-on, sont accordées aux personnels diplomatiques et consulaires, sous réserve du lancement des procédures d’accréditation.

Cependant, elles n’interdisent pas à l’une ou à l’autre partie de prendre les dispositions nécessaires contre tout abus d’hospitalité avéré. En cas de non-respect des mesures législatives de l’État d’accueil par un personnel ayant les titres sus mentionnés, celui-ci est libre de le déclarer persona non grata. Cela n’aura aucun impact sur cet accord.

Souveraineté du Cameroun

Les accords d’exemption de visa surviennent au lendemain du deuxième Sommet Russie-Afrique tenu à Saint Petersbourg en juillet dernier. Un évènement qui a connu la participation du chef de l’État camerounais, Paul Biya. Plusieurs mois après que Joseph Beti Assomo, ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense du Cameroun (Mindef) ait ratifié des accords militaires avec celui de la Russie. Lesquels consistent en l’«échange d’informations en matière de politique de défense», la «formation conjointe et entraînement des forces», un «échange d’expériences dans le domaine du maintien de la paix».

La ratification avait fait polémique au sein de l’opinion publique internationale. L’on s’interrogeait sur les raisons qui poussent le «mendiant de la paix» à se rallier à Vladimir Poutine, toujours considéré comme «l’agresseur» dans la guerre russo-ukrainienne. Du fait de ce conflit qui perdure, les pays européens ont rompu les accords qui les liaient jusque-là au pays de Vladimir Poutine. L’idée, selon le géostratège camerounais Charles Kengne, est de «faire comprendre que la Russie était un État isolé».

Visiblement, Paul Biya se désolidarise de cette mesure prise par ses autres pays-partenaires. En plus de se préciser, la position d’Étoudi sur l’échiquier politique est, selon Charly Kengne, «une affirmation de la souveraineté du Cameroun».

Officiellement, cela n’impacte en rien les accords du même type qui existent déjà entre le pouvoir de Yaoundé et plusieurs autres pays. Ce n’est qu’une avancée dans l’implémentation et l’amélioration de la politique de diversification des partenariats mise en avant par le numéro 1 camerounais.

Source: INTÉGRATION N°586