Cameroun : Un pays coupé en deux par le terrorisme

11512 XBoko Haram210715650.pagespeed.ic.sIHaEIYZpj Photo d'archive utilisée juste a titre d''illustration

Mon, 29 Feb 2016 Source: Agence QMI

Née au nord du Nigéria en 2002, la secte djihadiste Boko Haram sème la terreur au nord du Cameroun depuis un peu plus de deux ans. Des villages entiers ont été pillés et des attentats kamikazes frappent régulièrement les lieux publics, ce qui freine le développement du pays.

«Tous les nordistes fuient. Donc un jour, Boko Haram sera à Garoua. Maroua a été touché, Mokolo a été touché... Demain, ce sera où?»

Fadimatou, une commerçante du nord du Cameroun, a fui le nord du pays à cause de l'insécurité. Comme des dizaines de milliers d'autres nordistes, elle est s'est sauvée au sud du pays en espérant trouver du travail et de la sécurité.

«Les gens meurent chez eux, simplement parce que les routes sont fermées ou les couvre-feux les empêchent d'aller se faire soigner.»

La guerre que mène le Cameroun contre Boko Haram divise littéralement le pays en deux. Au nord, l'économie est minée par l'insécurité, et au sud, le pays se démène pour développer de grands projets et atteindre le statut de pays émergent d'ici 2035.

Accusant des dettes de plus en plus imposantes ces dernières années, le Cameroun s'est lancé dans un vaste programme de réinvestissements dans ses infrastructures pour attirer des investisseurs étrangers.

«On s'est dit qu'il fallait créer la richesse plutôt que de lutter contre la pauvreté», explique Louis Paul Motaze, ministre de l'Économie du Cameroun.

Projets d'envergure

Le Cameroun mise sur deux projets principaux afin de relancer son économie: le complexe industrialo-portuaire de Kribi, qui a l'ambition de devenir le port le plus important d'Afrique centrale, et le barrage hydroélectrique de Lom Pangar, qui devrait pallier les manques énergétiques du pays.

Ces immenses projets ont le mérite d'impressionner le visiteur étranger. En effet, en circulant sur la plateforme toute neuve du port de Kribi, il est difficile d'imaginer qu'à quelques centaines de kilomètres au nord, des milliers de familles fuient l'insécurité de la guerre.

Une «saignée» de l'économie

Les raids et les enlèvements perpétrés par Boko Haram au nord du Cameroun se sont multipliés ces deux dernières années. On compte, depuis juillets, une cinquantaine d'attentats kamikazes dans cette région, ce qui cause la fuite de milliers de familles.

En mai 2014, le président du Cameroun, Paul Biya, a déclaré la guerre à Boko Haram et s'est lancé dans une opération coûteuse, que le pays peine à assumer financièrement.

«Toutes les dépenses que nous avons mises dans cette guerre, ce sont des dépenses dont nous avions besoin pour le développement de notre nation qui en a drôlement besoin. C'est une saignée de notre trésor public», de déplorer Issa Tchiroma Bakary, le ministre des Communications et porte-parole du gouvernement du Cameroun.

Conséquences ressenties partout

En plus de mettre à mal l'économie du nord en minant le tourisme, le commerce et l'agriculture, la guerre contre Boko Haram apporte son lot de conséquences difficilement quantifiables.

«L'économie, c'est la confiance. Si vous êtes dans un environnement où vous avez peur de tout, ça a des conséquences en matière économique. Si vous voulez investir et que demain on vient poser une bombe, qu'est-ce que vous faites?» soulève le ministre Motaze.

Des entreprises ont résilié leurs contrats à cause des enjeux sécuritaires. Par exemple, en janvier 2015, les entreprises chinoises Syno-Hydro et Jiangsu ont préféré abandonner les travaux de la route reliant Maroua à Kousseri après que 10 ouvriers chinois eurent été enlevés en mai 2014. Cette route est le principal lien entre le Cameroun et le Tchad et limite donc les échanges entre ces deux pays.

Le Cameroun regorge toutefois de ressources diversifiées et ne manque pas d'ambition. Il devra toutefois sécuriser son territoire pour les assouvir.

Source: Agence QMI