Cameroun : anatomie d'une inflation électorale sans précédent: Jeune Afrique décrypte les ressorts d'un phénomène inédit

Kalto Elamecam Image illustrative

Tue, 22 Jul 2025 Source: www.camerounweb.com

Comment expliquer que le nombre de candidatures à la présidentielle camerounaise ait presque triplé en sept ans, passant de 28 en 2018 à 81 cette année ? Jeune Afrique a mené l'enquête sur ce phénomène électoral inédit qui bouleverse les codes politiques camerounais.

Le dernier candidat, Bessiping du RFERE, a déposé son dossier le 21 juillet à 23h55, soit cinq minutes avant la clôture. Cette course contre la montre illustre, selon l'analyse de Jeune Afrique, une stratégie de visibilité politique à moindre coût : être candidat, même sans espoir de validation, offre une tribune médiatique temporaire.

Jeune Afrique a identifié trois profils distincts dans cette inflation candidature. D'abord, les "récidivistes" : anciens candidats de 2018 comme Paul Biya, Maurice Kamto, Cabral Libii, qui forment l'épine dorsale de la compétition. Ensuite, les "légitimes" : leaders de partis parlementaires comme Bello Bouba Maigari (UNDP) ou Issa Tchiroma Bakary (FSNC). Enfin, les "opportunistes" : 50 candidatures aux profils divers, souvent sans moyens financiers réels.

L'enquête de Jeune Afrique révèle que cette explosion s'explique aussi par l'émergence du concept de "candidat-vitrine". Nombreux sont ceux qui utilisent la candidature présidentielle comme un tremplin de notoriété, sachant pertinemment qu'ils ne franchiront pas les étapes de validation.

Le cas de Daloutou Hamada, 31 ans, candidat le plus jeune, illustre parfaitement ce phénomène. Son dossier sera mécaniquement rejeté (âge minimal : 35 ans), mais sa candidature lui aura offert une exposition médiatique impossible à obtenir autrement. Jeune Afrique a recensé au moins 15 candidatures dans cette logique de "marketing politique gratuit".

Les révélations de Jeune Afrique mettent également en lumière l'inefficacité du système de parrainage mis en place pour filtrer les candidatures fantaisistes. 25 candidatures indépendantes sont vouées au rejet, faute d'avoir rassemblé les 300 parrainages requis (minimum 10 par région).

Cette défaillance du système de parrainage, analysée par Jeune Afrique, transforme le processus électoral en véritable "marché aux illusions", où le dépôt de candidature devient un acte politique symbolique plus qu'une démarche électorale sérieuse.

L'inflation record de 2025, décryptée par Jeune Afrique, pourrait contraindre les autorités camerounaises à repenser les modalités d'accès à la candidature présidentielle. Car au-delà du spectacle médiatique, cette prolifération pose de vraies questions sur l'efficacité et la crédibilité du processus démocratique camerounais.

Le dépouillement des dossiers par Elecam, prévu jusqu'au 2 août, constituera le véritable test de cette élection hors-norme, où Jeune Afrique continuera de suivre les développements de cette séquence politique camerounaise exceptionnelle.

Source: www.camerounweb.com