Cameroun : avancement à reculons des dossiers à la Fonction publique

Dieudonné N. dit avoir déjà décelé des dysfonctionnements

Mon, 30 Oct 2023 Source: Intégration Nationale

En dépit de la mise sur pied du Guichet spécial de traitement de leurs dossiers par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), les seigneurs de la craie peinent à trouver satisfaction.

Deux semaines seulement après la mise en service du Guichet spécial pour le traitement des dossiers des enseignants, Dieudonné N. dit avoir déjà décelé des dysfonctionnements. À l’opposé du discours d’espoir avancé par les cadres du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra) présents sur le site. L’enseignant d’informatique au Lycée d’Abong-Bang exhorte le ministre Joseph Le à mettre des données sur le site Internet gouvernemental pour permettre aux enseignants des zones reculées de remplir les formalités administratives souhaitées. Il formule le vœu que l’on mette «les actes de carrière des enseignants sur le site réservé au suivi des carrières des fonctionnaires.

Il suffirait donc d’insérer le nom et le matricule dans la recherche, puis d’ajouter une colonne supplémentaire où l’on va insérer le fichier PDF». Au-delà de faire des économies, ce procédé de digitalisation lui évitera d’abandonner ses apprenants et au contraire, lui permettra de poursuivre les enseignements en toute quiétude. «Nous aurions la possibilité de rester à nos postes et de continuer à dispenser les enseignements. En effet, venir ici à Yaoundé me fait dépenser en temps et en argent sans compter que les élèves sont abandonnés à eux-mêmes, parce que nous sommes contraints de venir au siège des institutions», regrette-t-il. Tel un porte-voix de sa promotion, le «professeur» plaide par ailleurs pour l’accélération du traitement des dossiers de reclassement de ses camarades. «Dans ma promotion, je suis le seul à être reclassé. Les noms de certains de mes promotionnaires ne figurent toujours pas sur les listes, la lenteur est vraiment à déplorer», s’indigne-t-il.

Déconcentration

La déconcentration est mise à rude épreuve, selon les dires de Dieudonné. D’après lui, elle est limitée «puisque jusqu’ici, il faut toujours venir au Minfopra à Yaoundé pour espérer «voir son dossier avancer. Lorsque l’on dépose dans un chef-lieu de région, la requête n’aboutit à rien», regrettet-il. Même son de cloche pour Hervé T., enseignant au Lycée technique de Djamboutou (Garoua). «Je suis venu pour le retrait de l’acte d’intégration, je savais qu’en arrivant ici je devais avoir mon document, mais non! Je constate amèrement que rien n’est déconcentré. Parce que je me suis rapproché de la délégation régionale des Enseignements secondaires à Garoua, les responsables m’ont renvoyé à Yaoundé. La délégation n’est pas en mesure de satisfaire les enseignants. Vu le retard accusé, je suis obligé de passer la nuit ici. Sauf que je ne sais où aller et ne possède même pas les moyens de me payer un logement, ne serait-ce que pour la nuit. Partir de Garoua pour Yaoundé me coûte pratiquement 32 000 FCFA en aller et retour. En plus de cela, je dois me nourrir, ce qui fait vraiment beaucoup trop de dépenses juste pour obtenir quelques documents», se lamente- t-il.

Assurances

Est-ce simplement pour calmer la colère du mouvement «On a trop supporté» (OTS) que le Guichet spécial pour le traitement des dossiers des enseignants est ouvert? À cette question, Martial Pierre Bengo répond par la négative. Selon lui, il s’agit plutôt de «donner plus de visibilité à l’action des pouvoirs publics en rapport avec les dossiers en instance de traitement dans les services du Minfopra». Dans son argumentaire, le cadre à la direction des Personnels fonctionnaires des services éducatifs au Minfopra vante les prouesses de ce nouveau service qui vise à aider les enseignants à mieux traiter et suivre leurs dossiers. «Il y a de cela deux semaines que le Guichet spécial pour le traitement des dossiers des enseignants est mis sur pied. Depuis l’ouverture, il y a une célérité dans la prise en charge des enseignants dont les dossiers sont incomplets au Minfopra.

Nous traitons les dossiers d’intégration, de reclassement, de titularisation et d’avancement des grades», déclare-t-il. Une approche que Roland (nom d’emprunt), enseignant d’électricité à Yaoundé, trouve meilleure, saluant par ailleurs la sincérité des personnels. «Je constate que le traitement est rapide, contrairement aux années précédentes où l’on pouvait faire plusieurs mois dans l’expectative de voir son dossier avancer. Les personnels sont honnêtes dans la prise en charge des dossiers. Pour mon cas, j’ai un problème de reclassement depuis un an. Dès mon arrivée, j’ai été bien reçu et j’ai des garanties que les choses vont aller». Et de conclure: «je profite de la grogne inhérente au mouvement OTS pour faire mes dossiers».

Source: Intégration Nationale