Cameroun : c'est la débandade, le pire est à craindre, le pays en état d’alerte

Vives tensions dans le Mayo Sava Affrontements

Depuis jeudi des hommes armés s'attaquent aux populations, deux morts et une dizaine de blessés enregistrés.

C'est la débandade à Warba, le constat est fait par le maire de Mora. Chetima Hamidou, dit redoubler d'efforts pour apaiser une situation qui se détériore depuis mercredi dernier. « Plus de cent hommes armés de flèches et de machettes, occupent le centre du village, prêts à s'attaquer à quiconque est membre de la famille de Chetima Malloum. Les populations partent pour Mora et Dargala. La présence des forces de maintien de l'ordre, qui n'ont pas désarmé les hommes armés, ne rassure personne ». Il raconte que l'incident déclencheur a eu lieu mercredi dernier dans la nuit, des hommes armés ont attaqué le domicile de Adji Luc. Ils se sont mis à tirer dans tous les sens, le propriétaire des lieux se sentant acculé a sauté le mur d'enceinte de sa maison pour s'enfuir par l'arrière. Neuf douilles de cartouches de fusil ont été retrouvées sur les lieux et la somme de 730.000 Fcfa a été dérobée. Au départ des assaillants, les frères de Adji Luc, se sont mobilisés. Ils ont entamé un ratissage des alentours pour retrouver les assaillants. Dans leurs recherches, ils ont interprété un camion chargé de marchandises. Il provenait du Nigeria. Il appartient à Chetima Malloum. Les hommes armés de flèches et autres armes ont fait descendre me chauffeur pour un interrogatoire musclé. Ils voulaient savoir s'il a vu des personnes suspectes sur son trajet. Le chauffeur, leur a confié qu'il a aperçu des hommes sur deux motos à un carrefour très loin. Ses déclarations n'ont pas convaincu les interrogateurs. Ils lui ont dit qu'il mentait, que son patron était allé recruter des tueurs à moto, pour assassiner Adji Luc, dont il ne supporte pas le succès en affaires et la rivalité que sa prospérité fait comme ombrage à Chetima Malloum. Ils ont saccagé puis détruit le camion. Avant de s'élancer vers Warba.

Ils se sont dirigés vers le domicile du propriétaire du camion. Ils ont saccagé et pillé. Ils se sont ensuite retourné vers les proches de Chetima, ils ont tué deux sexagénaires et blessés à la machette ou avec des flèches une dizaine d'autres. Mamadou Mota, homme politique est natif de Tokombere. « C'est une situation que je connais par cœur. Il s'agit en réalité, d'un affrontement entre les communautés Hourza (animistes et chrétiennes) et les Mandaras (musulmans). Les tensions courent depuis mai 2022. Dès ce moment, les populations étaient sorties armées pour mettre à sac les biens des Mandaras. Ça s'est calmé et les autorités administratives et traditionnelles ont laissé prospérer le feu sous la cendre. L'élite du Mayo Sava, totalement acquise au Rdpc, a toujours instrumentalisé les antagonismes pour se maintenir au pouvoir.

Le Pan a imposé à la chefferie de Warba, un de ses neveux, in inspecteur de police de 2eme grade. Ce parachutage s'est fait alors que Warba, n'a rien à voir avec Tokombere, fief du Pan. Le chef aux mœurs légères a affaibli la notabilité. Or, la chefferie s'est approprié toutes les terres fertiles et a lésé mes Hourzas. C'est cette situation mal gérée qui a conduit à la mort ! », s’indigne le leader de l'opposition. Pour lui, l'antagonisme entre les populations musulmanes et animistes est totalement instrumentalisé. Il soutient que ces populations vivent ensemble et sont étroitement liées depuis plus de 100 ans sans problèmes majeurs