Cameroun : ce que cache le business des s3xtapes

Le phénomène des sextapes inquiète au Cameroun

Mon, 7 Feb 2022 Source: Afric Info N°24

Le journal Afric Info dans sa parution de cette semaine dévoile l’univers des sextape au Cameroun. Le journal explique comment ces vidéos intimes se retrouvent sur le net et les conséquences juridiques liées à cette pratique.

Destinées en principe à un usage privé, des vidéos érotiques deviennent de plus en plus des armes de chantages.

En raison de son potentiel de nuisance, les sextapes sont devenues un outil de chantage très prisé. La chronique nationale en a eu plus que pour son compte. Tout récemment, le public des réseaux sociaux est tombé sur l’affaire d’une célèbre ex-footballeuse révélant des chamailleries de «couple».

D’où est partie la fuite d’images? Difficile à dire. A la mi-2021, deux autres affaires ont éclaté, mettant notamment en scène des journalistes de la place. Selon des informations glanées, l’un d’entre eux gênait par certaines de ses productions. Sommé de s’arrêter, il n’a que modérément obéï. Les conséquences n’ ont pas tardé. Une vidéo amateur hot a fuité.

Outre la menace inhérente au chantage, qui reste quand même de Tordre du diffus, de l’éventualité qui peut-être évitée (par la soumission au maître- chanteur justement), il y a un usage nettement plus déstructuré de la sextape où des images sont balancées afin de nuire. Durement. Un journaliste sportif local en a eu la preuve douloureuse dans le cadre d’une affaire désormais archi-connue.

Une jeune femme dit à son petit ami qu’elle souhaite mettre un terme à leur relation. Raison : un nouvel homme est entré dans sa vie et souhaite l’épouser. Sans démonter, le petit ami lui rappelle qu’il a des photos d’elle nues, et menace de tes balancer sur la toile si elle le quitte. Du coup, la fille renonce à la rupture…

Cest peut-être un gag, mais c’est révélateur de l’usage qui est de plus en plus fait d’images intimes, obtenues de plein consentement ou volées. Le monde des artistes, la sphère administrative et des affaires ne sont pas épargnés par le fléau. Jusqu’à quand les sextapes seront-elles ainsi instrumentalisées? Difficile à dire.

Au départ, quand deux êtres sont en intimité, c’est qu’il y a un minimum de confiance entre eux. Et la confiance, surtout en amour, rend aveugle. Malheureusement, c’est sans compter sur la mentalité des uns et des autres.

Comme l’indique le Dr. Moustapha Moncher Nsangou, sociologue: « certains amateurs sont dans le pur narcissisme ou l’exhibitionnisme. Jusque- là, tant que l’amour est dans l’air, le plan à trois, homme-femme-caméra marche sans anicroche. Mais le moindre désaccord veut mener ces images hors du cercle privé, comme le montre l’actualité récente ».

Ce que dit la loi

La liberté sexuelle est sujette, contre toutes les libertés, au respect de Tordre public. Si les rapports sexuels sont protégés par le droit à la vie privée, ceux-ci sont susceptibles de heurter la sensibilité des populations ou de la personne non consentante, dès lors qu’ils sont rendus publics.

L’outrage à la pudeur est donc la limite fixée par la loi. Le Code pénal en ses articles 263 et 264 stipule qu’ « est puni d’un emprisonnement de 15 jours à deux ans et d’une amende de 10 000 à 100 000 fracs ou de T une de ces deux peines seulement, celui qui attire l’attention du public sur une occasion de débauche ».

Le Code pénal sanctionne également les publications obscènes, son article 265 précise à ce titre « qu’est puni d’un emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 10 000 francs à 500 000 francs, celui qui fabrique, détient, importe, transporte ou exporte en vue d’en faire le commerce, d’exposer ou tout simplement de publier, même à titre gratuit, tout écrit, dessin ou objet tendant à corrompre les mœurs ».

La loi n°2010/012 du 21 septembre 2010 relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité au Cameroun s’attarde aussi sur le phénomène d’outrage à la pudeur. Article 74 alinéa (1) : « Est puni d’un emprisonnement de un à deux ans et d’une amende de 1 000 000 francs à 5 000 000 francs quiconque, au moyen d’un procédé quelconque porte atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui en fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, les données électroniques ayant un caractère privé ou confidentiel ». A bon entendeur…

Source: Afric Info N°24