Cameroun : ce qui reste de la réunification

Les Cameroun est secoué par la guerre au NOSO

Tue, 3 Oct 2023 Source: Le Messager

La célébration de l’union retrouvée entre les deux parties du pays échues aux puissances coloniales aux lendemains de la 1ere guerre mondiale, interroge aussi au-delà de tous les acquis engrangés en 62 ans, la charge matérielle et immatérielle de cet évènement sur la projection du Cameroun moderne.

La réunification du Cameroun tant célébrée il y a quelques années, suscite aujourd’hui des passions diverses face aux nouveaux défis auxquels est confronté le pays, plus spécifiquement dans les deux régions anglophones. Oui, le 1er octobre 1961 effectivement, le Southern Cameroon seul retrouvait ses frères de l’autre rive du Mungo, pour constituer à minima ce qui restait du Kamerun allemand tel que les faiseurs de la paix dans le monde, l’avait placé tantôt en 1921 à travers la Société des Nations (Sdn) sous le mandat deux puissances colonialistes, britannique et française ; tantôt en 1945 par l’entremise de l’Organisation des nations unies (Onu), toujours sous la tutelle de ces deux pays.

Le Cameroun moderne, sur sa trajectoire historique est en panne de vitesse suite aux encombrements ou aux toussotements inhérents au développement ou au progrès. Le premier couac qui rattrape la communauté nationale aujourd’hui, est lié aux indépendances séparées des deux territoires. Ce n’est plus un secret pour personne, les indépendantistes camerounais menés par l’Union des populations du Cameroun (Upc) de Ruben Um Nyobe, avait exigé, sollicité devant la tribune des Nations Unies une Réunification des deux entités du pays avant son indépendance. Cette exigence n’avait pas prospéré ouvrant la voie aux antagonismes les plus ambiantes auxquelles le Cameroun fait face aujourd’hui. La Réunification qui a précédé l’indépendance a fait le lit des particularismes entre les deux composantes linguistiques officielles du pays. En réalité, en accordant l’indépendance à la partie orientale le 1er janvier 1960, la France a sapé à sa façon l’esprit d’appartenance au Kamerun allemand, la distinguant de ce fait du Cameroon occidental britannique. La Couronne elle aussi, enfoncera davantage le clou au point de diviser le territoire à elle échu. Ainsi, le 1er juin 1961, la partie septentrionale du Cameroun anglais (Northern Cameroon), sera rattachée à la Fédération du Nigeria, ce qui a permis à la seule partie du sud du territoire (Southern Cameroon) de se réunir avec le Cameroun oriental francophone, le 1er octobre 1961.

La volonté de vivre ensemble dans l’antique Kamerun entamée

Il y a lieu de relever comme un autre couac, le fait qu’au moment de la Réunification, l’esprit, la volonté de vivre ensemble dans l’antique Kamerun était gravement entamé. Les puissances tutélaires n’ont à aucun moment œuvré pour l’unité du pays, manœuvrant à suffisance pour enterrer les vestiges visibles et parlants de la présence allemande, le grand perdant de la 2ème Guerre mondiale. De ce fait, les indépendances avant la Réunification créent une faille magmatique entre les deux parties du Cameroun.

Il n’est donc pas surprenant qu’aujourd’hui, des voix s’élèvent dans le Southern Cameroon, constitué des deux régions anglophones du pays, pour demander l’indépendance, car selon elles, cette partie du pays n’a jamais été indépendant à l’exemple du Cameroun oriental ou du Cameroun septentrional britannique qui a fait le choix de se rallier au Nigeria.

La crise anglophone tire du reste un pan de son idéologie ici. Le prétexte étant vite trouvé que la Réunification a été une union sans consentement d’une des parties. Qu’importe, tout le monde sait que ce n’est qu’en décembre 2016, 55 ans après la Réunification, que le magma est sorti des failles. Les politiques sont sur ce chantier, cette fois espère-t-on plus que toute autre chose, pour la Réunification des cœurs. Les fortunes tirées de ce travail digne de Sisyphe sont diversement appréciées. Devant cette situation inextricable, c’est l’heure au besoin de mendier, car au finish, nous sommes tous des mendiants de cette paix qui tend à nous échapper.

Source: Le Messager