Ailleurs les analystes ont du mal à cerner les problèmes du Cameroun. Ils ne comprennent pas comment un pays dirigé par un chef d’Etat peut-il être autant miné par des guerres dans le sérail. Selon le cinéaste Jean Pierre Bekolo c’est Paul Biya l’instigateur de ces batailles qui pérennisent son pouvoir.
Si le conflit se déclenche très facilement au Cameroun, il est aussi quelque chose que les Camerounais ont du mal à gérer, d’où la multiplication des appels à «s’arranger ». « Allez-vous arranger ! », entend-on souvent, parfois au prix de n’importe quelle concession.
L'une des raisons pour lesquelles Paul Biya est resté si longtemps au pouvoir, c'est sa maîtrise du conflit comme outil de gestion. Lorsqu'il démet un ministre, il nomme souvent un parent de ce dernier à sa place, avec pour mission de neutraliser son prédécesseur en disgrâce. Dans ce jeu, le nouvel élu cherche à prouver à Paul Biya que celui qu'il remplace n'était pas à la hauteur, quand l’ancien essaye de prouver l’incompétence du nouveau.
C’est ainsi que toute une république est plongée dans des conflits internes, quasi familiaux que j’appelle « la guerre civile » qui deviennent la priorité des élites dirigeantes camerounaises. Paul Biya orchestre ainsi une compétition entre ceux qui cherchent à gagner ses faveurs, et ceux qui ont déjà ses faveurs, créant ce que certains appellent ses « créatures ». Au lieu de stimuler l'élite vers plus de créativité et d'innovation pour la transformation du pays pour le bien de tous, cette stratégie encourage la ruse et les coups bas, paralysant ainsi tout le pays. Il n’y a pas dans le système camerounais quelqu’un qui s’entend avec l’autre. L’intelligence, au lieu de servir à l’édification de la nation, est détournée pour humilier des rivaux. C’est cela les conséquences du management par le conflit de Paul Biya qui n’est rien d’autre qu’une forme de « diviser pour mieux régner ».
Pourquoi alors le « allez-vous arranger », que l'on entend souvent dans la rue, dans nos commissariats et postes de gendarmerie pour résoudre les conflits, tarde-t-il à venir dans le différend qui oppose la Fecafoot au Minsep ? C’est parce que le Conflit est un mode de gestion où personne, au sein de l’appareil administratif camerounais , ne s’entend avec personne. Et ceux qui espèrent que Paul Biya mette fin à ce conflit risquent d’attendre longtemps.