Recrutés sur les chantiers de l'opération Himo du Programme national de développement participatif (Pndp), ils peuvent désormais se prendre en charge.
Un petit public enthousiaste a pris rendez-vous cet après midi de juin au stade de Mora et assisté au spectacle offert par des jeunes footballeurs du coin. En cette saison de pluies, une averse peut s'inviter à tout moment et pourtant, ni les joueurs ni les spectateurs ne montrent des signes d'inquiétude. C'est que la zone, qui a tout moment pouvait être envahie par les eaux a connu d'importants travaux d'assainissement. Ces eaux en provenance des collines qui entourent le cheflieu du département du Mayo Sava se déversent lorsqu'il pleut dans la ville. Le projet financé par l'opération Himo Minka a permis d'assainir les abords du stade, libérant des espaces auparavant complètement impraticables.
Et le maire, Chetima Hamidou, qui nourrit désormais quelques projets pour les espaces récupérés grâce au projet, ne cesse de dire sa reconnaissance au Programme national de développement participatif (Pndp), qui a volé au secours des communes de la région de l'ExtrêmeNord que les exactions de Boko Haram avaient pratiquement ruinées. Assainissement, construction de mares artificielles, aménagement de routes... au total 29 micro projets ont été lancé par le Pndp dans 25 communes de la région dans le cadre de l'opération Himo Minka, financée par l'Agence française de développement (Afd). Les différents projets retenus, s'ils ont permis d'améliorer le quotidien des populations locales, ont surtout donné une occupation aux jeunes des localités concernées et une possibilité de s'insérer définitivement dans la société en obtenant une formation et une un peu d'argent pour pouvoir entreprendre une activité génératrice de revenus. A Arkis, une localité située à 6km environ de Kousseri dans le département du Logone et Chari, Abdoulaye Bramante, 32 ans, a appris à fabriquer des blocs de terre, des tuiles et des pavés.
C'est avec fierté qu'il déroule son nouveau savoir faire, indiquant les composants et les quantités de matériaux à utiliser pour fabriquer l'un ou l'autre de ces éléments nécessaires dans la construction des bâtiments. "Les entreprises locales pourront utiliser ces jeunes et même la mairie pourra les solliciter et les appuyer", a déclaré Amadame Djibrine, le secrétaire général de la commune de Kousseri. Le recrutement et l'encadrement des jeunes gens recrutés dans le cadre du projet a été l'oeuvre d'un consortium d'ONG conduit par Care International.
"Les projets Himo comprenaient deux parties : l'ingénierie technique et l'ingénierie sociale. Nous avons recruté les ouvriers que nous avons mis à la disposition des entreprises, nous nous sommes ensuite occupés du suivi des ouvriers sur le chantier, avec des séances hebdomadaires chaque samedi sur des thèmes comme la lutte contre les infections sexuellement transmissibles, le règlement des conflits par la non violence, etc. Nous leur avons également permis d'obtenir des formations en montage de microprojets, et dans des domaines comme l'agriculture, l'élevage, le petit commerce...", explique Brahim Adoum de l'ONG Adelpa, superviseur terrain du site de Maltam et représentant du consortium des ONG. Plus de 6000 jeunes ont ainsi été recrutés sur les différents chantiers réalisés dans la région de l'Extrême-Nord.
"Quand on parle de réinsertion, c'est l'un des points les plus importants de l'approche du Pndp. On ne voulait pas seulement que les jeunes travaillent dans les chantiers, après cette phase de chantier il faut les accompagner. Nous avons formé dans plusieurs petits métiers, notamment la couture, la commercialisation des produits de base, l'agriculture, l'élevage, ce qui fait que aujourd'hui nous avons un peu plus de 6000 jeunes qui ont été formés et qui sont en train d'être insérés", a précisé Roger Eyenga, le coordonnateur régional du Pndp pour l'Extrême-Nord.