Cameroun : comprendre les empoisonnements et autres assassinats en vogue

L’écrivaine Calixthe Beyala explique cette situation

Wed, 14 Sep 2022 Source: Calixthe Beyala

Chaque semaine, les Camerounais apprennent de nouveaux cas d’assassinats. Si ce n’est pas un conjoint qui poignarde son partenaire, c’est un ami qui empoisonne ses camarades. Ces scènes macabres entrent peu à peu dans le quotidien des Camerounais. L’écrivaine Calixthe Beyala explique cette situation.

Quel diable habite le Cameroun qui explique cela que les gens assassinent les autres au quotidien ? L'empoisonnement y est si courant que c'en donne des frissons ? Des femmes égorgeuses y courent les rues, les hommes éventreurs aussi. On le fait par pur méchanceté ou pour s'enrichir !

Qui a donc fait croire aux Camerounais que la richesse matérielle est l'aboutissement d'une vie ? Quelqu'un ne s'enquiert pas de l'autre juste pour savoir s'il va bien. Et que non ! Chaque coup de fil est intéressé et correspond à une demande d'argent ! Chaque acte est dans la tête de chacun un élément qui suscitera de l'argent ! Et des mes oncles est mort inventé ! Et des je suis hospitalisé, imaginaire ! Et des je dois payer les cahiers des enfants et j'en passe !

Qui ne nous a pas appris à nous prendre en charge ? On ne fait pas un enfant quand on ne peut pas subvenir à ses besoins. Ou du moins on limite les naissances !

Les temps ont changé, certes ! Mais assassiner son mari, sa belle-soeur, ses clients est barbare et n'enrichit personne ! Tout au contraire, on finit par croupir en prison. Comment faisaient nos ancêtres qui vivaient dans nos villages sans argent ? Il est temps d'éduquer nos populations.

De leur faire comprendre que l'argent n'est pas une finalité même s'il facilite par moment la vie ! Qu'on ne doit sacrifier personne pour de l'argent ! Que les marabouts racontent des bobards ! S'ils sont capables d'enrichir les autres, pourquoi leurs familles sont elles pauvres ? Arrêtons d'être naïfs et apprenons à distiller autour de nous, l'amour sans autre objectif que l'amour.

Source: Calixthe Beyala