Cameroun: démocratie ou ethnocratie ?

Biya, Kamto et Libii

Wed, 22 Dec 2021 Source: LA VOIX DES JEUNES N° 082

Les constructions politiques prenant appui sur l'identité ethnique et régionale, ou religieuse n'ont pas d'avenir. C'est un Etat central fort et forcément trans-ethnique qu'il faut. Mais en lieu, et place, on s’échine à lorgner sur des considérations ethniques, et religieuses, accompagnées par la veulerie de nos intellectuels, qui se propage à une vitesse vertigineuse pour contaminer les champs de la société, de la connaissance, et du savoir.

Nos intellectuels ne jouent plus leur rôle social, qui est celui d’éduquer et d’instruire le peuple, l’Etat. Les canons de la pensée ont ainsi laissé la place aux penchants ethniques. Il reste effarant de constater à quel point bon nombre de nos penseurs et autres élites restent rivés à leur ethnie.

A l'évidence ils oublient que les choses pourraient aussi se retourner dans une réciprocité confligène, avec la folie meurtrière, et son lot de malheurs comme on l’a vu récemment dans le Logone et Chari. Tant ils sont nombreux ceux qui considèrent la politique comme une lutte inter-ethnique, un affrontement religieux, ou une opposition nord-sud.

L’ethnicisme le plus borné est en train d’avoir raison de nous. Il en résulte des ministères, des sociétés publiques, des chaînes de télévision à dominance ethnique, sans que cela n’inquiète nos intellectuels, et nos politiques. Or le péril reste souvent grand dans un éventuel retour du boomerang.

Des fronts se créent dans le pays avec pour fond de revendications la fibre ethnique. Alors que le consensus reste la pierre angulaire du pacte républicain, et le socle de tout pays-Etat qui ambitionne de devenir une vraie Nation. Sans consensus, il n’y aura nulle paix et aucune conciliation, ni réconciliation, ne seront possibles dans ce pays. Il est temps de passer de l'ethnocratie à la démocratie. Rien de substantiel ne paraît réunir les Camerounais.

Une chronique de Djafsia Tara Mamoudou, Ingénieur des mines et de la géologie, Observateur, Chroniqueur/Pigiste

Source: LA VOIX DES JEUNES N° 082