Emilienne N., 41 ans, a été interceptée dimanche sur le chemin du culte par son époux, qui l’a violentée pour récupérer une enveloppe de 500.000 F.
Des fidèles d’une église située à Bonendalè par Bonabéri (arrondissement de Douala IV) ont appelé la police en urgence dimanche dernier en matinée. Raison, une femme, membre de l’assemblée, était en train d’être molestée par un tiers aux abords du lieu de culte. Une patrouille du commissariat central n°3 proche des lieux s’y est rendue, et a embarqué les protagonistes, qui se trouvaient être des époux. Les auditions permettront d’avoir la genèse de cette affaire.
Flaubert M., 52 ans, technicien du bois à la tête d’une menuiserie, est marié depuis bientôt dix ans à Emilienne, avec qui il a d’abord vécu quelques années en union libre. Le couple, installé à Bojongo II (Douala IV) a quatre enfants, et, côté religion, fréquente l’église catholique. Du moins jusqu’à ce que l’épouse intègre une église dite « de réveil ». Selon le mari, il y a environ six mois qu’Emilienne estime avoir « vraiment connu Dieu ».
La situation ne crée pas de véritable problème au sein du couple, qui planifie d’ailleurs d’autres projets. Flaubert a ainsi inscrit son épouse – actuellement sans activité – dans diverses tontines, dont le fruit de l’une était destiné pour partie à un chantier en cours, et pour les premiers préparatifs de la prochaine rentrée scolaire.
Emilienne a « bouffé » cette tontine, d’un montant de 500.000 francs, samedi passé. Sans en informer son mari. Mais ce dernier dira pendant l’audition qu’il était au courant, tout comme il savait à quoi son épouse destinait cet argent – sans dire comment il en a été informé. Samedi soir, Emilienne rentre donc avec l’enveloppe à la maison.
Dimanche matin, l’air de rien, son époux l’invite à la messe de 6h. Emilienne dit qu’elle est malade… Flaubert sort donc et part pour l’église, en apparence. En réalité, il se poste à une sortie inévitable du quartier, où il ne campe pas longtemps. Peu après, Emilienne apparaît. Elle n’a pas du tout l’air malade, est joliment habillée et arbore un sac à main. L’homme engage alors une filature discrète, d’abord à pied, puis à moto. A ce sujet, Flaubert dira aux policiers avoir payé son « bend-skinneur » alors qu’il était encore sur l’engin, question d’intercepter son épouse avant qu’elle n’entre dans son église. Ce qui était son projet – élaboré à des fins non encore connues.
C’est après avoir payé sa course qu’Emilienne voit apparaître son mari. Il l’interroge sur sa destination, lui rappelle qu’elle a prétendu être malade… Elle lui demande de la laisser : « Je vais adorer mon Dieu ». Flaubert n’y voit aucune objection, mais exige le sac à main. Il essaie d’ailleurs de s’en emparer. Emilienne résiste et le saisit par le col. L’homme déclare alors l’avoir giflée puis jetée au sol. Les cris d’Emilienne vont faire sortir quelques fidèles. Mais ceux qui essaieront d’intervenir se heurteront à l’âpreté des coups du technicien du bois. C’est donc la police qui a calmé le jeu.
De source proche de l’affaire, Emilienne comptait contribuer, avec les 500.000 F, au projet de construction d’un lieu de culte propre à l’église. Parce que les assemblées se tiennent jusqu’à présent dans un local fourni par un fidèle. Le projet a d’ailleurs commencé à prendre forme : une fondation est sortie de terre à Bonendalè.
Aux dernières nouvelles, après les auditions, Flaubert a été relâché pour aller prendre soin de son épouse, admise dans une formation sanitaire.