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Cameroun : il y a 35 ans, Paul Biya échappait à un coup d’Etat ; comment le général Pierre Semengue a sauvé le président

Le général Pierre Semengue a maitrisé les putschistes

Tue, 5 Apr 2022 Source: www.camerounweb.com

• C’est une commémoration de victoire pour le locataire d’Etoudi

• Il y a 35 ans, il échappait à un terrible coup d’Etat qui aurait pu le renverser

• Le général Pierre Semengue a maitrisé les putschistes



C’est une tentative de coup d’Etat qui a failli renverser le président Paul Biya à l’époque. Nous sommes au 6 avril 1984 et ce Mercredi 6 avril 2022, cela fera exactement 35 ans que le président Paul Biya échappait ce coup d’Etat. Le quotidien Mutations revient sur ce jour inoubliable du président camerounais.

17 mois jour pour jour après son accession à la magistrature suprême, le président de la République est brutalement sorti de son sommeil par une révolte de la Garde républicaine dont les éléments, dans leur immense majorité, sont restés fidèles à son prédécesseur Ahmadou Ahidjo.

De nuit, les mutins ont soigneusement quadrillé tous les lieux stratégiques de Yaoundé, et même pris d’assaut la radio nationale. Celle-ci diffuse curieusement la musique de l’armée depuis les premières heures de la matinée, pendant que retentissent de toutes parts les coups de feu.

« Les populations, terrées chez elles et privées de télécommunications, sont dans la confusion la plus totale », peut-on lire dans le journal.

A 10h, sur les antennes de la radio d’Etat, les putschistes diffusent enfin un message qui vient fixer le peuple ce qui se passe. « L’armée nationale vient de libérer le peuple camerounais de la bande à Biya, de leur tyrannie, de leur rapine incalculable, inqualifiable. Oui, l’armée a décidé de mettre fin à la politique criminelle de cet individu contre l’unité nationale de notre pays. En effet, le Cameroun vient de vivre, au cours de ces quinze derniers mois qu’a duré le régime Biya, les heures les plus noires de son histoire. Son unité mise en péril, sa prospérité économique compromise, la réputation ternie », lancent-ils.

Chers compatriotes, poursuivent les putschistes, « vous avez tous été témoins de l’horrible comédie jouée par le pouvoir défunt, qui se permettait de parler de libéralisme, de démocratie et d’intégration nationale, alors que chaque jour son action bafouait de façon scandaleuse ces hautes valeurs ». Ils annoncent que les liaisons aériennes, terrestres, maritimes et les télécommunications sont suspendues jusqu’à nouvel ordre.

De même, le couvre-feu est institué sur l’ensemble du territoire national, de 19h à 5h du matin. Ils annoncent par ailleurs la suspension de la Constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale et la démission du gouvernement.

Les gouverneurs de provinces « sont relevés et, enfin, sur le plan militaire, les officiers supérieurs exerçant le commandement d’unités opérationnelles sont déchargés de leurs fonctions. L’officier subalterne le plus ancien dans le grade le plus élevé prend le commandement ».

Retournement de situation, « des forces loyalistes, sous la conduite du général Pierre Semengue, alors chef d’état-major de l’armée camerounaise, organisent une sanglante riposte (au moins 100 morts) et parviennent, en une journée, à renverser la situation », explique l’ancien journaliste et ancien ministre Henri Bandolo, de regretté mémoire, dans son célèbre livre « La flamme et la fumée ».

Mais selon Mutations, « une autre version de l’histoire dit que c’est des troupes parties d’Ebolowa (Sud) et conduites par un certain Ebogo Titus – qui aura ensuite été commandant de la Garde présidentielle – qui ont réalisé cet exploit ». Quoiqu’il en soit, le lendemain de ce coup de théâtre, Paul Biya prend la parole et assure que « le calme règne sur toute l’étendue du territoire national ».

Il attribue dans un premier temps la responsabilité du coup d’Etat manqué à « une minorité d’ambitieux assoiffés de pouvoir ». Des ressortissants officiers de l’armée et personnalités civiles confondues seront mis aux arrêts.

« Au bout de procès expéditifs organisés jusque dans la première moitié de mai 1984 à Yaoundé, Mbalmayo et Mfou (dans la région du Centre), plusieurs dizaines de personnes seront exécutées, d’autres condamnées à mort avant de voir leurs peines commuées en détention ».

Le président Ahidjo, qui avait accueilli avec « une certaine bienveillance le coup de force contre son successeur, depuis son exil sénégalais, avait écopé lui aussi d’une condamnation à mort par contumace avant d’être amnistié en 1991 ».

Source: www.camerounweb.com