L’on voudrait d’emblée mettre le pied à l’étrier de l’émergence projetée au Cameroun par le chef de l’Etat Paul Biya, il y a un personnage atypique vers qui tous les regards sont tournés. il s’agit de l’actuel ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Personnage atypique, présenté comme fils putatif du président de la République, grand travailleur, intègre, patriote, le grand public le découvre lorsqu’il arrive en 1999 à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), un grand malade parmi les institutions de la République.
Le travail méthodique qu’il abat dans cette structure, renforce sa crédibilité dans l’opinion et n’hésite pas à bluffer le chef de l’Etat qui le nomme en 2007, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Le Cameroun est alors engagé dans le septennat dit « des grandes ambitions ». Louis Paul Motaze élabore alors le fameux Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) et se lance dans la recherche des financements innovants ayant servi à la matérialisation des projets structurants contenus dans le Dsce. L’hisS toire du Dsce est bien connue.
il est mort il y a quelques années des suites de son échec lamentable. Au poste de secrétaire général des Services du Premier ministre, il lui est revenu la responsabilité d’œuvrer, en sa qualité de président du comité de pilotage de plusieurs projets, à la matérialisation des grands projets, le Cameroun étant alors passé du septennat « des grandes ambitions » à celui des « grandes réalisations » : Port en eaux profondes de Kribi, les barrages hydroélectriques de Lom Pangar et de Menve’ele, les projets de fer de Mbalam et de bauxite de ngaoundal, etc. Ce qui lui vaudra d’ailleurs son retour au Minepat. Avec lui, la consommation du Budget d’investissement public (Bip) a pratiquement atteint 100% d’exécution.
Mais pour quels résultats. Le Port en eau profonde de Kribi bien que fonctionnel n’a pas encore atteint son plan initial de développement pour faire de Kribi, le plus grand port de la côte Atlantique. Si le barrage de Lom Pangar peut être présenté comme une rare réussite, Memve’ele et Mekin se classent parmi les éléphants blancs du programme hydroélectrique du Cameroun. il a également fallu du temps pour que le 2ème pont sur le Wouri, livre sa copie plus ou moins correcte. où est donc la route Kumba-Manfé, l’entrée Est de Douala, l’autoroute Yaoundé-nsimalen, l’autoroute Douala-Yaoundé ou Yaoundé - Douala.
L’exploitation de la mine de fer de Mbalam était également listée parmi ses projets structurants qui s’avèrent aujourd’hui déstructurés.
Devenu ministre des Finances en mars 2018, il y arrive dans un contexte marqué certes, par la crise économique caractérisée par la baisse des coûts des produits pétroliers, du cacao et du café ; la détérioration des soldes budgétaires en zone Cemac et la mise en œuvre du Programme économique et financier (Pef) soutenu par la Facilité élargie de crédit (Fec) du Fmi (2017-2019) ; les élections au Cameroun et le financement des Pme. Bien malin celui qui peut imaginer ce qu’il ait pour s’en sortir. Pourtant, Paul Biya et donc lui-même avait des ambitions. Sur le plan agricole et environnemental : la protection de l’environnement ; la préservation des écosystèmes ; la révolution agricole avec l’avènement de l’agriculture de deuxième génération. on en est encore très loin notamment avec l’agriculture dite de 2ème génération. Ce qui expose le Cameroun aujourd’hui à une insécurité alimentaire grandissante. Sur le plan industriel de production de transformation, le gouvernement tablait sur : la construction des centrales thermiques ; la construction des barrages hydroélectriques ; la centrale à gaz de Kribi en vue de la génération d’une quantité suffisante d’électricité pour l’économie du pays ; la création et la gestion des Pme-Pmi. Pour ce qui est des barrages, l’on ne semble pas si éloigné, même si ce n’est pas encore la satisfaction totale des ménages et des industries. Sur le plan des services et des nouvelles technologies : l’on planchait sur : le relèvement du niveau d’infrastructures de transport : routières, ferroviaires, maritimes etc.. ; L’amélioration de structures sanitaires et hospitalières ; le développement de l’éducation de base ; la densification de la carte scolaire et des institutions d’enseignement maternel, primaire et secondaire, technique et professionnel ; l’amélioration de l’offre de formation académique, universitaire et professionnelle. L’augmentation de l’offre de communication sociale et téléphonique (fixe et mobile) ; la connexion à internet haut débit et aux réseaux sociaux. Chacun peut se faire sa propre idée si on a progressé ou pas. Enfin, sur le plan de la gouvernance : le gouvernement tablait sur une gestion saine et rigoureuse des finances publiques ; la poursuite de la lutte sans merci contre la corruption et les détournements des deniers publics ; la mise à contribution de toutes les institutions chargées de la lutte contre ces fléaux : la Commission nationale anti-corruption (Conac), l’Agence d’investigation financière (Anif), la Cour des comptes, le Tribunal criminel spécial (Tcs). L’émergence programmée en 2035 qui disparait donc chaque jour des radars est à prendre au sérieux. Tout le contraire de ce que Louis Paul Motaze, le principal architecte des projets structurants confessait à son arrivée au ministère des Finances en 2018 : « Je m’engage à travailler efficacement pour relever avec célérité les défis qui m’attendent au ministère des Finances. Et ainsi continuer de mériter la confiance placée en moi par le président de la République, S.E. Paul Biya ». Seulement, ce que Louis Paul Motaze ne dit pas, c’est ce à quoi auront servi les fonds logés dans les lignes 94 et 65. Est-ce qu’elles étaient essentiellement constituées à financer les activités privées de petits copains et coquins comme une télévision en France ? Que non !