L'affaire du sous-préfet Ewane a révélé l'émergence d'une nouvelle menace sécuritaire dans le Sud-Ouest camerounais : des gangs criminels nigérians de plus en plus audacieux. Le groupe Enjor, identifié comme responsable de l'enlèvement, opère avec des méthodes d'une brutalité inédite dans la région, allant jusqu'à diffuser des vidéos de torture pour faire pression.
Ces bandes armées, initialement spécialisées dans la contrebande frontalière, diversifient désormais leurs activités vers le kidnapping lucratif. Leur modus operandi - enlèvements, transferts d'otages entre factions rivales, exigences extravagantes - rappelle les pires heures de la criminalité dans le delta du Niger. Plus troublant encore : l'arrestation du maire d'Idabato suggère une possible infiltration de ces réseaux dans l'administration locale.
Les autorités camerounaises se retrouvent face à un défi complexe. Déjà aux prises avec la crise anglophone et Boko Haram, elles doivent maintenant faire face à cette nouvelle forme de criminalité transnationale. Le versement de la rançon, bien qu'ayant sauvé une vie, crée un dangereux précédent qui pourrait inciter à de nouveaux enlèvements.
Cette affaire sonne comme un avertissement : sans une réponse coordonnée entre Yaoundé et Abuja, le Sud-Ouest camerounais risque de devenir une nouvelle zone de non-droit, où les gangs nigérians viendront librement commettre leurs forfaits avant de se réfugier de l'autre côté de la frontière. La sécurité des populations et des fonctionnaires locaux en dépend directement.