L’interdiction de séjour récemment imposée dans le département du Mfoundi par Emmanuel Mariel Djikdent, préfet du Mfoundi, continue de provoquer des débats intenses au Cameroun. Cet arrêté, daté du 16 juillet, interdit à toute personne "outrageant dangereusement les institutions" de séjourner dans le département.
Cette décision, prise après une réunion sécuritaire de haut niveau, a déclenché une vive réaction de l’opposition. Cabral Libii, député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), s’est insurgé contre cette mesure, la qualifiant de "flagrante atteinte à nos libertés fondamentales". Selon lui, aucune loi ne confère un tel pouvoir à un préfet, même en état d’urgence.
Pierre Damien Makon, également du PCRN, a précisé sur CANAL PRESSE que le Mfoundi abrite des figures de proue de l’opposition camerounaise, notamment Maurice Kamto du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et Cabral Libii lui-même. "Lorsque le préfet parle d'interdire de séjour dans le Mfoundi, il s'adresse à un certain nombre de personnes précisément," a-t-il souligné.
Cette mesure intervient dans un contexte pré-électoral déjà tendu. Le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a récemment déclaré qu’il n’y aurait "aucune tolérance" pour les fauteurs de troubles, une position qui alarme l’opposition. "On sent une volonté de museler toute voix dissidente," analyse le politologue Jean-Marc Soboth. Selon lui, cette stratégie pourrait exacerber les tensions plutôt que les apaiser.