Les populations de 11 départements des régions de l’Extrême-Nord, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun sont exposées à une situation d’insécurité alimentaire dans les prochains mois. C’est ce que révèle les projections du Cadre harmonisé d’octobre 2021.
Lisez leur déclaration intégrale ci-dessous.
Plus de deux millions de personnes vivant dans 11 départements des régions de l’Extrême-Nord, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest seront en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans les mois à venir, selon les projections du Cadre harmonisé d’octobre 2021.
Dans la région de l’Extrême-Nord, la combinaison des facteurs climatiques et de l’insécurité a empêché les populations de constituer des stocks alimentaires suffisants pour la prochaine période de soudure, généralement entre juin et août mais qui pourrait avoir lieu dès avril compte tenu des conditions actuelles. De nombreux ménages déclarent déjà être à court de vivres.
La faible pluviométrie de ces derniers mois a empêché certaines cultures d’achever leur cycle de croissance. La production agricole a été attaquée par les rongeurs, les criquets, les oiseaux granivores et les pachydermes (éléphants et hippopotames). Ces destructions ont particulièrement affecté les cultures de contre-saison, particulièrement importantes pour l’accès à la nourriture pendant la période de soudure.
La violence des affrontements intercommunautaires de décembre 2021 dans le Logone et le Chari a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes vers le Tchad voisin et plus de 35 000 personnes sont toujours déplacées internes dans les départements du Logone et du Chari, du Diamaré et du Mayo Sava, dépendants de l’aide alimentaire après avoir dû laisser derrière eux des biens, des outils de production et des terres agricoles.
Les conditions de sécurité ont également eu un impact négatif sur la disponibilité et les prix des denrées alimentaires. Cette dernière année a vu une augmentation significative du prix des denrées de base – le prix du mil a par exemple augmenté de 29% entre janvier 2021 et janvier 2022.
Daniel Kalbassou, président de la région Extrême-Nord, s’inquiète de cette situation : « nous sollicitons le soutien de tous pour nous aider à anticiper et gérer la soudure à venir. Nous ne pouvons résoudre seuls cette situation, qui aura des conséquences nutritionnelles néfastes pour les populations et, compte tenu des facteurs environnementaux, aucune amélioration n’est à attendre à court ou moyen terme ».
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la crise sécuritaire provoque de fréquents déplacements de population, réduisant les surfaces cultivées et les capacités de production agro-pastorale.
Cette crise alimentaire se produit dans des régions déjà fragilisées par des crises et parmi des populations affectées par l’impact socio-économique de deux années de la pandémie de COVID-19.
Dans l’Extrême-Nord, il est plus que jamais nécessaire de combiner une aide alimentaire d’urgence suffisante pour les populations affectées par les conflits avec une réponse aux causes profondes des crises, afin de renforcer les capacités de résilience à long terme des populations. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le renforcement de la réponse humanitaire est essentiel pour répondre aux besoins fondamentaux des populations et améliorer leur protection.
ONG signataires/ONG signataires :
- Action contre la faim
- ALIMA
- SE SOUCIER
- Conseil danois pour les réfugiés
- Secours IEDA
- Comité international de sauvetage
- Intersos
- Fédération luthérienne mondiale
- Conseil norvégien pour les réfugiés
- Première Urgence Internationale
- Solidarités International