L’Association pour la défense des droits des étudiants fustige les abus que subissent les apprenants dans une correspondance adressée au CONSUPE, à ’Assemblée nationale, au Premier ministre et à la Commission nationale des droits de l’Homme.
L’absence et la fermeture des restaurants universitaires ; l’absence ou la non opérationnalité et la vétusté des latrines ; l’insuffisance et l’inadéquation des salles de cours, le manque et la cherté des logements estudiantins ; l’insécurité sur les campus et alentours, la non production des cartes d’étudiant. L’Association pour la défense des droits des étudiants (ADDEC) a dressé la liste des problèmes des étudiants dans les universités d’Etat au Cameroun au cours de son conseil exécutif du 16 avril 2023. A ce volet infrastructurel s’ajoutent la formation inadéquate avec les besoins ; le préfinancement des soutenances de thèse par les étudiants ; le trafic des notes ; le manque d’équipement des bibliothèques et des laboratoires ; le manque d’objectivité dans la distribution et le détournement de la prime d’excellence.
Dans une correspondance avec pour objet « O Cameroun, la couche estudiantine laissée pour compte », l’ADDEC par la voix de son président du conseil exécutif national, Jean Nicaise Owono adressée au ministre déléguée à la présidence de la République chargée du Contrôle supérieur de l’Etat, à l’Assemblée nationale, au Premier ministre et à la Commission nationale des droits de l’Homme dénonce la situation préoccupante des universités d’Etat au Cameroun et de l’étudiant.
Pollution sonore, insécurité
« Les débits de boisson ont trouvé une terre fertile dans les campus et alentours. Bars, snacks, boîtes de nuit pullulent aux pieds des campus alors même que cela est condamné par les franchises universitaires compte tenu de l’insécurité, de la pollution sonore et de la débauche qu’ils génèrent. Les campus universitaires ne sont pas suffisamment vivables, sécurisées et ne disposent pas les apprenants à une bonne formation », lit-on sur la correspondance.
Selon l’ADDEC, l’université camerounaise sombre en décrépitude à cause de la mal gouvernance. Les restaurants universitaires sont en voie de disparition. Seulement 3 universités sur 11 disposent d’un restaurant universitaire fonctionnel, est-il précisé. Il est également mentionné le mode de paiement des droits universitaires établi à deux tranches qui est bafoué par certains recteurs qui exigent le versement de la totalité. Un montant est exigé aux étudiants pour l’assurance-maladie alors que relève l’Association, le paiement des droits universitaires donnent droit à la prise en charge sanitaire suivant l’article 4 du décret de 1993. Le même article donne droit à une carte d’étudiant dans les mêmes conditions.
72% des diplômés au chômage
Selon l’Observatoire national de l’emploi et de la formation professionnelle (ONEFOP), le taux de chômage couplé au sous-emploi est évalué à 72% des diplômes en 2020 et a connu une hausse de 6% de 2020 à 2021. L’étudiant est en proie à de multiples problèmes. Cette spoliation débute en 1993 avec la suppression de la bourse à l’étudiant et l’augmentation subite des droits universitaires qui passent de 3300 à 50000 Fcfa. L’étudiant est contraint à prendre en charge la totalité des dépenses liées à sa formation. La situation s’est dégradée au fil des années.
A date, l’étudiant au Cameroun a du mal à se loger. « La règlementation en vigueur est bafouée par les promoteurs immobiliers véreux qui s’engraissent au détriment des pauvres étudiants avec la complicité de l’administration universitaire sous le regard muet de la brigade des loyers d’étudiants », écrit le président du conseil exécutif de l’ADDEC. L’étudiant camerounais est asphyxié par la cherté de la vie. Les facilités auxquelles il a droit lui sont refusées. Le cas le plus récent est le tarif de transport en faveur des étudiants est rejeté par les transporteurs car ne disposant pas de conditions d’applicabilité. La correspondance adressée à quatre destinataires vise à susciter une intervention des institutions interpelées pour améliorer la condition de l’étudiant au Cameroun.