1,4% pour la presse écrite, 3,8% pour la radio et 4,7% pour la télévision, telles sont les positions qu’occupent les informations traitant des droits humains dans les différents médias au Cameroun en 2023. Pour un total de 3,3% comparativement aux années précédentes. 2,88% en 2022 et 2,26% en 2021 pour les trois médias. C’est le résultat de la 3e enquête réalisée pendant la période du 1er octobre au 25 novembre 2023 par l’organisation non gouvernementale (ONG) Journalistes en Afrique pour le développement (Jade).
L’étude a porté sur 22 organes de presse parmi lesquels 11 presses écrites, 7 radios et 4 télévisions. Ces résultats ont été présentés le 20 décembre dernier à Yaoundé au cours d’un atelier de concertation multiacteurs organisé par cette ONG. Etienne Tasse, coordinateur de Jade Cameroun a admis cette amélioration. «Par rapport aux années antérieures, il y a une nette évolution dans l’implication des journalistes sur les questions des droits humains», a reconnu le journaliste de formation. Et de poursuivre «Au départ c’était assez difficile parce que les journalistes n’avaient pas toujours une bonne connaissance des instruments internationaux et même des lois nationales qui régissent les droits humains. Grâce à une formation qu’ils ont eue il y a de cela 2 ou 3 ans, ils ont été imprégnés de ces questions-là et de plus en plus, ils s’y intéressent», a-t-il révélé.
Ont pris part à cette rencontre : policiers, gendarmes, avocats, membres de la société civile, magistrats et journalistes en provenance de différentes régions du pays à l’instar du Sud, de l’Est, du Littoral, du Centre. Ce troisième atelier du genre était une occasion de trouver des voies et moyens pour vulgariser les droits humains au Cameroun. «La protection des droits humains nécessite une approche holistique et une synergie d’actions. Une collaboration étroite entre les médias, la police, la gendarmerie, les avocats, les défenseurs des droits humains, les magistrats et les autorités est cruciale pour garantir un accès à l’information aux journalistes qui œuvrent inlassablement pour informer sur les droits humains», a souligné le coordinateur.
D’après ce dernier, cette rencontre était d’autant plus importante qu’avec le partage de connaissance et le renforcement de la compréhension mutuelle, ces acteurs parviendront à «développer des mécanismes plus efficaces pour promouvoir les droits humains à travers nos différentes sphères d’influence», a soutenu l’homme. Etienne Tasse estime que la plus grosse difficulté rencontrée par les hommes et femmes de média dans le traitement des droits humains c’est l’accès aux sources d’information. D’où l’organisation de ces «rencontres de concertation multi acteurs» qui permettront aux acteurs de l’univers médiatique orientés vers cette thématique d’avoir un carnet d’adresse beaucoup plus fourni et de regrouper plus facilement leurs informations.
Pour ce qui est du regroupement d’informations, Me Tenzong Louis, avocat à Bertoua pense que c’est important de mettre un accent dessus dans la mesure où il faut maîtriser son sujet avant d’en parler «Lorsqu’on parle des droits humains ce n’est pas de la culture générale, ce sont des questions juridiques spéciales. Pour en parler avec aisance, il faut (...) comprendre comment ça fonctionne. Sinon vous allez dire des choses que vous ne maitrisez pas et vous savez lorsque vous parlez de ce que vous ne maitrisez pas, c’est plus dangereux pour celui qui vous écoute que pour vous-même», a averti le défenseur.
Cet atelier a été organisé dans le cadre du projet «Presse libre pour promouvoir les droits humains» (Plpdh) lancé en avril 2020 et conduit par Jade. Ledit projet œuvre pour le renforcement du journalisme fondé sur les droits humains et sensibilise les autres acteurs impliqués dans la protection de ces droits. Il vise principalement à créer un environnement où le journalisme fondé sur les droits humains prospère, où les médias sont des gardiens de la vérité et où chaque individu peut vivre dans la dignité et la liberté.