Cameroun : le bâtonnier traque les faux avocats

Me Mbah Eric Mbah a lancé la chasse aux personnes exerçant de manière illégale le métier

Tue, 4 Jul 2023 Source: Le Jour

Conformément à sa promesse de campagne, Me Mbah Eric Mbah a lancé la chasse aux personnes exerçant de manière illégale le métier. Déjà une interpellation à Mfou, par Yaoundé, et un cabinet fermé à Douala pour exercice illégal.

C'était l'un des axes majeurs de son programme lors de la campagne en vue des élections qui l'ont porté à la tête du barreau camerounais il y a tout juste un an. Maître Mbah Eric Mbah, puisqu'il s'agit de lui, avait promis de « nettoyer » le barreau. En d'autres termes, d'assainir la profession en la débarrassant de toutes les personnes en situation d'exercice illégal. Depuis la semaine dernière, la traque des usurpateurs est lancée. En effet, à l'issue d'un conseil de discipline qu'il a présidée dans la capitale économique, jeudi en présence de ses principaux collaborateurs, le bâtonnier, son représentant dans le Littoral, le Secrétaire général de l'Ordre et le chef du Protocole du barreau, ont effectué une descente au cabinet de Sylvestre Sohaing Neim.

Muni d'une ordonnance du procureur de la République, Mbah Eric Mbah a procédé à la pose de scellés sur le cabinet de ce citoyen camerounais, qui depuis près de vingt ans exerçait le métier en toute impunité. Une plainte a par ailleurs été déposée au Tribunal contre le mis en cause, pour « exercice illégal » de la profession d'avocat. D'après le bâtonnier, il appartient au concerné de produire les preuves qu'il est effectivement avocat. « On était ici à Douala pour un Conseil de discipline. C'est alors qu'on a attiré notre attention sur le fait qu'il y a ce monsieur Sohaing qui est bien installé à Akwa comme avocat. Donc on est venu lui poser une question simple : « êtes-vous avocat ? Vous avez prêté serment quand et où ? » Il n'arrive pas à répondre à ces questions. »

Selon le bâtonnier, le suspect au lieu de réunir les éléments de preuves contre la charge retenue contre lui, s'est employé sur plusieurs médias à insulter le barreau et le bâtonnier. Ce qui n'a rien arrangé. « Notre campagne était basée sur le nettoyage du barreau, parce qu'on a constaté qu'il y a des charlatans. Partout il y a des gens qui se présentent comme des avocats alors qu'ils ne sont pas des avocats », ajoute maître Mbah Eric Mbah. La procédure ouverte contre Sylvestre Sohaing Neim fait suite aux enquêtes menées au sein du barreau. La loi en vigueur au Cameroun offre la possibilité à un avocat inscrit au barreau d'un pays étranger d'être admis au barreau du Cameroun. Selon le bâtonnier, c'est par référence à cette loi que le mis en cause a d'abord postulé pour la première fois en 1999, en alléguant qu'il avait initialement prêté serment au Niger. Son dossier a été rejeté. Sylvestre Sohaing Neim est revenu à la charge entre 2005 et 2006, toujours sans succès. C'est alors qu'il commence à exercer le métier d'avocat en alléguant avoir prêté serment le 25 juin 2005.

Or cette date selon le bâtonnier est un samedi et coïnciderait curieusement avec le jour où son dossier au Tribunal avait été rejeté. « Il (Sylvestre Sohaing Neim) a postulé et il ne pouvait pas prouver l'authenticité de son diplôme ni prouver qu'il était un avocat inscrit au tableau de l'ordre des avocats du Niger », dénonce encore le bâtonnier. Il y a environ quinze ans, les avocats inscrits au tableau de l'Ordre s'étaient radicalement opposés à l'entrée du sieur Hervé Emmanuel Nkom dans leur profession, pour des motifs quasi similaires. Quarante-huit heures avant la fermeture du cabinet Sohaing, un autre usurpateur du titre d'avocat a été débusqué à Mfou par Yaoundé.

Interpellé, il a aussitôt été placé en garde à vue et devrait répondre de ses actes selon le patron du barreau. Le bâtonnier est décidé à ne pas s'arrêter en si bon chemin. Si des investigations sont en cours pour apporter la lumière sur les cas déjà portés en justice, la traque va se poursuivre : « Toute personne qui, d'une manière ou d'une autre, va essayer d'usurper les fonctions d'avocat, fera face à la loi », prévient le bâtonnier. Il invite à la vigilance. Nous avons eu un échange avec Sylvestre Sohaing Neim à sa demande, après l'avoir appelé sur son téléphone. Il n'a pas donné de suite à notre sollicitation, exigeant de nous identifier préalablement.

Source: Le Jour