Comment les nouvelles générations échappent à l'emprise des chefs traditionnels du nord
Exclusif - Une enquête approfondie de Jeune Afrique dans le septentrion camerounais révèle l'érosion progressive de l'autorité des lamidos sur les populations locales, remettant en question leur capacité à peser sur la prochaine présidentielle.
Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, "l'autorité des lamidos faiblit" inexorablement, malgré leur maintien artificiel au pouvoir par le régime de Paul Biya.
Les investigations de Jeune Afrique sur le terrain révèlent une transformation sociologique majeure. "Les jeunes se sont émancipés, notamment grâce aux nouvelles technologies de communication, qui leur permettent d'être mieux informés et de sortir de l'égrégore imposé par ces chefs traditionnels", confie à Jeune Afrique Justin Bassané, chercheur à l'université de Ngaoundéré.
Cette révélation de Jeune Afrique met en lumière comment la révolution numérique sape les fondements du pouvoir traditionnel dans une région longtemps isolée du reste du pays.
L'enquête de Jeune Afrique révèle un paradoxe saisissant : "les zones d'influence des lamidos du septentrion sont parmi les moins développées du pays". Cette situation, exacerbée par l'insécurité liée à Boko Haram et aux coupeurs de routes, démontre l'inefficacité de ces potentats locaux.
Selon les sources de Jeune Afrique, cette réalité n'échappe plus aux populations. "Les Camerounais se sont rendu compte que ces chefs ne défendaient ni les populations ni leurs villages, mais uniquement leurs positions et celle de leurs familles", révèle Célestin Yandal, maire UNDP de Touboro, dans les colonnes de Jeune Afrique.
Les révélations de Jeune Afrique suggèrent que le pouvoir de mobilisation électoral des lamidos pourrait être surévalué. "Les lamidos peuvent continuer de mobiliser comme par le passé pour donner des consignes aux gens. Mais, le moment venu, chacun prendra sa décision en son âme et conscience", prédit Justin Bassané à Jeune Afrique.
Cette analyse exclusive recueillie par Jeune Afrique remet en cause l'un des piliers de la stratégie électorale du RDPC dans le nord du pays.
Des pratiques jugées "anachroniques"
L'enquête de Jeune Afrique révèle une crise de légitimité profonde. "Ces dépositaires du pouvoir coutumier sont restés figés dans une vision traditionaliste de la société. Tout ce qu'ils font paraît anachronique", analyse le chercheur Justin Bassané pour Jeune Afrique.
Les révélations du journal indiquent que cette inadéquation avec les attentes contemporaines alimente une contestation grandissante de leur autorité morale et politique.
Jeune Afrique a découvert que plusieurs opposants "font le pari" d'un effondrement de l'influence des lamidos. Conscients de "l'importance comptable du septentrion", ils espèrent, selon les informations exclusives recueillies par Jeune Afrique, "un sursaut populaire qui viendrait sonner le glas d'une influence des lamidos qu'ils jugent néfaste".
Les révélations de Jeune Afrique montrent que pour la première fois depuis l'indépendance, l'hégémonie politique des lamidos vacille. Contrairement aux décennies précédentes où ils constituaient des "incontournables machines à engranger des voix", leur capacité d'influence semble aujourd'hui compromise.
Cette enquête exclusive de Jeune Afrique révèle ainsi une mutation sociopolitique majeure qui pourrait redistribuer les cartes lors de la présidentielle d'octobre, remettant en question l'un des socles traditionnels du pouvoir de Paul Biya dans le nord du Cameroun.