Au Cameroun, le pouvoir use de stratégies subtiles pour verrouiller tout débat sur la succession présidentielle, révélant les mécanismes complexes de contrôle politique et religieux.
L'article dévoile une manœuvre sophistiquée de Cavayé Yeguié Djibril qui dépasse la simple communication politique. L'objectif : neutraliser toute opposition potentielle à la candidature de Paul Biya, notamment celle provenant des milieux religieux du Grand Nord.
Jeune Afrique met en lumière une stratégie à plusieurs volets. Au-delà des discours politiques, le président de l'Assemblée nationale a déployé un arsenal diplomatique et symbolique impressionnant.
Sa rhétorique est sans équivoque : « Parler de confier notre pays à un diable inconnu est irresponsable. Nous connaissons Paul Biya. Il demeure le meilleur risque pour le Cameroun. » Une déclaration qui traduit la volonté de présenter le président comme l'unique option crédible.
Les moyens de pression sont multiples. Convocation de réunions stratégiques, mobilisation des militants, organisation de prières collectives, interdiction aux leaders religieux de s'exprimer : chaque action est calculée pour isoler et discréditer les voix dissidentes.
L'implication des leaders musulmans et évangéliques illustre la dimension totale de cette stratégie. L'envoi d'une délégation d'imams à Yaoundé et l'interdiction faite aux pasteurs de commenter la situation politique démontrent une volonté de contrôle total de l'espace public.
Cette manœuvre révèle la complexité du rapport entre politique et religion au Cameroun. Un rapport où le pouvoir n'hésite pas à instrumentaliser les leaders spirituels pour préserver ses intérêts.