Cameroun : le maire Atangana Messi champion des démolitions

Le maire Atangana Messi champion des démolitions

Thu, 1 Sep 2022 Source: Essingan N°643

Très tôt dans la matinée de mardi 30 août 2022, entre l’église St Jean Baptiste d’Olezoa et un supermarché encore en chantier, un engin des travaux publics déchire la devanture d’un immeuble abritant au rez-de-chaussée un débit de boisson souvent très fréquenté sous le regard impuissant des propriétaires. La devanture du supermarché en cours de construction qui s’y trouve face de la station-service communément appelée Mobil Olezoa échappe de peu à l’opération de casse. Ce n’est pas le cas des restaurants, bars, domiciles et bureaux situés du côté gauche de l’avenue menant à l’ambassade de France au Cameroun. Tous ont été rasés sans état d’âme et la pelle du Caterpillar de Luc Atangana Messi a été sans pitié.

L’opération se déroule en présence du maire de la ville de Yaoundé, Luc Atangana Messi venu superviser en personne l’opération de destruction, lequel est entouré d’un imposant dispositif de sécurité avec pour but d’étouffer toute velléité de contestation. Désespérées, les victimes présentes tentent de sauver ce qui peut encore l’être. L’opération de casse qui se déroule à quelques jours de la rentrée scolaire suscite des tensions. Quelques personnes s’effondrent en voyant leurs biens réduits en poussière.

«Mon fonds de commerce a été rasé, je suis fini, on a tout cassé alors que je venais de renouveler ma patente et les autres papiers qu’on m’a demandés», déclare un commerçant en larmes.

Casses à têtes chercheuses

Certaines personnes concernées par cette opération de destruction se disent victimes des casses à têtes chercheuses. C’est le cas de M. Onguéné qui ne comprend pas pourquoi l’opération de démolition a épargné son voisin qui pourtant se trouve dans la même situation que lui. «Je suis dans l’arrondissement de Yaoundé III, expliquez-moi comment ma boutique située à sept mètres de la chaussée a été cassée et celle de mon voisin de l’autre côté de la route qui est nez à nez avec la chausse reste debout?», s’interroge-t-il. De son côté le maire Luc Atangana Messi explique que cette opération consiste à libérer la voie publique occupée de façon anarchique par la population.

Ce qui pour le magistrat municipal n’est pas une opération de casses, mais de nettoyage. «Ce n’est pas une opération de casses, c’est une opération de nettoyage. Ce nettoyage avait commencé lors de la préparation de la Can 2021, à cette occasion nous sommes descendus ici plusieurs fois pour libérer les emprises de la voie publique. Et quelques mois après la Can, nous avons constaté que les vieilles habitudes ont refait surface. Les zones libérées ont été envahies, de manière anarchique et il fallait dont que l’on procède à ce nettoyage. Il est encore visible par endroit, vous voyez des coins qui datent de 2021 avec des délais de déguerpissement, malheureusement certains se sont entêtés et il était normal qu’on vienne à nouveau libérer ces zones», explique-t-il.

Bien avant cette opération, des croix de démolition ont été apposées sur les édifices concernés dans certains quartiers par les agents de la commune. Des notifications ont été servies aux occupants et autres propriétaires, mais les populations sont aussi restées indifférentes aux injonctions de la commune de Yaoundé. L’opération de nettoyage qui a démarré hier dans la partie Sud de Yaoundé à Olezoa va se poursuivre dans d’autres communes

d’arrondissement.

Source: Essingan N°643