Cameroun : le maire de Banwa menacé de destitution

David Tomoh, maire de la commune de Banwa est en danger

Mon, 22 May 2023 Source: Le Jour du 22-5-2023

David Tomoh, maire de la commune de Banwa, dans le Haut-Nkam, a-t-il échappé à la mort en fin de semaine dernière, après avoir dé joué une embuscade tendue par des loubards à la solde de Pierre Kwemo ? Sur les réseaux sociaux, l’information postée par le communicateur Demetrio Wouassom, natif du coin, suscite les commentaires les plus incisifs. Ce qui est par contre certain, c’est que ce dernier a été destitué de ses fonctions de maire, au terme d’une réunion de crise tenue le 15 mai 2023, à Banwa. Ce jour, 17 conseillers municipaux sur les 25 que compte la municipalité, à qui ils disent avoir associé des responsables extérieurs de la famille Banwa et des responsables de l’Union des mouvements socialistes (Ums) se sont retrouvés au foyer culturel dudit, pour di-sent-ils, constater la « défaillance totale du maire », ses « absentéismes irréguliers et prolongés » et des « activités de roublardise, de clientélisme et de corruption » menées par ce dernier.

En conséquence, ils ont décidé qu’ « en dehors des actes d’état civil, toutes les décisions doivent désormais être ratifiées, avant signature, par tous les conseillers municipaux. M. Tomoh David, maire de la commune de Banwa, est dessaisi de la gestion de tous les projets (Bip, Feicom, et autres) de la commune de Banwa au profit d’une commission mise sur pied », lit-on dans le document de synthèse mis en circulation. De la parole à l’acte, ils ont désigné le premier adjoint au maire, Mathias Modeste Ngamaleu pour présider cette commission ad hoc. Il sera secondé par Jean Marie Deutou Nguemeni, actuel A2. Les rapporteurs sont Martin Tchokomakoua et Joseph Tchamdjou, cependant que les autres signataires sont membres de cette instance qui doit délibérer aux 2/3.Cet attelage n’est pas sans rapport avec des dénonciations qui circulent, notamment d’un certain Ebwelle Ngalle Joël, au sujet d’actes de corruption autour de la réalisation d’une plateforme sportive dans la localité, pour un montant de 58 millions.

Cette configuration montre, et les séditieux ne le cachent pas, qu’il y avait une rupture de confiance entre le maire (accusé de manger seul), ses adjoints et le conseil. Marchés publics. Seulement, le coup d’Etat, dont la manœuvre est attribuée au président du parti Pierre Kwemo, intervient dans les mêmes conditions que le premier. Il heurte la réglementation en vigueur, qui ne prévoit pas un dispositif de gestion et de contrôle impliquant tous les conseillers. Le 16 novembre 2020 en effet, quelques conseillers municipaux motivés par le président national de l’Ums, avaient organisé une session extraordinaire du conseil municipal à l’issue de laquelle le maire Charles Kameni et ses adjoints savaient été débarqués. Cette fois, c’est une réunion élargie à des non conseillers.

En violation des dispositions du Code général des Collectivités territoriales qui entourent la convocation d’une session du conseil municipal, que Luc Ndongo, le préfet du Haut Nkam à l’époque avait eu de la peine à rappeler. Il regrettait d’ailleurs l’absence de formation juridique de la plupart des nouveaux élus locaux. « Qui tue par l’épée périra par l’épée. Tomoh est le bénéficiaire d’un premier coup d’Etat », raillent les observateurs qui s’interrogent néanmoins sur cette valse, qui fait de Banwa l’une des communes les plus mal gérées de la République. Elle figure, avec sa consœur de Bafang, deux communes gérées par l’Ums, au fond du classement des communes dans la gestion des ressources transférées. De quoi chagriner plusieurs dans cette commune rurale, qui auparavant, figurait parmi les mieux lotis en termes d’allocations budgétaires issues de la coopération décentralisée. Au motif qu’il avait déjà trop duré à la tête de la mairie, les cadres locaux du Rdpc avaient manœuvré pour que les électeurs votent contre Charles Tchomtchoua Djadjo.

Source: Le Jour du 22-5-2023