Cameroun : le ministre Nganou Djoumessi renverse Cavayé Yeguié

Cavaye Yegui Djibril Donn Une Leçon Différend entre autorités

Mon, 15 Jul 2024 Source: L'œil du Sahel n°1965 du lundi 15 juillet 2024

Cavayé Yeguié Djibril, le président de l’Assemblée nationale, n’en revient toujours pas. Le 4 juillet 2024, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, n’a pas répondu présent à un rendez-vous à son cabinet où il l’attendait en compagnie de nombreux députés de l’Extrême-Nord. Il lui a tout simplement posé un gros lapin. « Le Président a convié le ministre Nganou à une séance de travail à son cabinet l’après-midi du 4 juillet 2024.

Lui et un certain nombre de députés voulaient échanger avec le ministre au sujet des routes dans le Grand-Nord et en particulier des tronçons Mora-Dabanga-Kousseri et Ngaoundéré-Garoua. Le président Cavayé estimait qu’un dialogue restreint à ce stade valait mieux que des questions orales en plénière. Ce qui agace aujourd’hui le vieux, c’est le fait que le ministre ait formellement donné son accord, n’est pas venu, et ne s’est même pas excuser », affirme un haut responsable du cabinet du président de l’Assemblée nationale.

Selon diverses informations recueillies dans l’entourage de Cavayé Yeguié Djibril et confirmées par de nombreux députés, le ministre Nganou Djoumessi était déjà attendu au cabinet du président de l’Assemblée nationale, la veille de ce 4 juillet 2024. « Effectivement, il était attendu dans l’après-midi du 3 juillet 2024 et c’est lui-même qui a demandé, le même jour, le report de cette audience au lendemain », poursuit un chargé de mission au cabinet du président de l’Assemblée nationale.

Les députés présents au cabinet du président de l’Assemblée nationale et qui ont rongé leur frein, ce 4 juillet 2024, ne sont pas des moindres. Faisaient partie de la délégation de Cavayé Yeguié, entre autres, le Questeur Kamssouloum Abba Kabir ; le président de la com mission des Lois constitution nelles Zondol Hersesse ; les députés Haman Tchiouto, Nikina Pierre, Damdam Marie…

Si le ministre des Travaux publics a eu peu d’égards pour le président de l’Assemblée nationale et les députés mobilisés pour l’entretien, ce n’est pas le cas de deux autres ministres qui ont répondu présent à cet échange avec les élus de la Nation. Le ministre d’État Jacques Fame Ndongo est ainsi « passé » le 1er juillet 2024 pour discuter des infrastructures des universités dans les régions septentrionales, notamment celle de Maroua où le campus de Kongola tarde toujours à prendre forme.

« Le ministre d’État s’est montré compréhensif et a promis des mesures urgentes pour remédier à la situation. Je dois dire que nous n’avons pas seulement avec le ministre Fame Ndongo des divergences sur les infrastructures universitaires mais également sur la gestion des ressources humaines en général. Vous pouvez observer à la lumière des nominations dans les universités d’Etat que les universitaires des régions septentrionales sont terriblement lésés et quand ils sont nommés, ils sont confinés aux universités du Grand-Nord. Nous avons eu avec lui un échange franc », s’est réjoui l’un des participants à la rencontre.

Le ministre des Transports, Ngalé Bibehé, a quant à lui été reçu le 3 juillet 2024. Au menu : la construction de la voie ferrée Ngaoundéré (Cameroun) – Ndjaména (Tchad). Une promesse du chef de l’Etat qui tarde à voir le jour à la veille de l’élection présidentielle de 2025. S’il est constant que lors de cet échange, le ministre des Transports a laissé entendre que l’affaire est « entre les mains des deux chefs d’État », ce dernier n’a pu dissiper les doutes autour de l’avenir du projet. « Le projet semble coincé, et à la vérité, à écouter le ministre des Transports, sa mise en œuvre n’est pas pour demain », analyse un député.

Le projet, faut-il le dire, est toujours au stade des études, lesquelles portent sur trois lignes ferroviaires. Le premier concerne la ligne Ngaoundéré-Garoua-Maroua-Kousseri-Ndjamena ; le second, Ngaoundéré-Moundou-Kelo-Bongor-Ndjamena ; le troisième, Ngaoundéré-Garoua-Figuil-Léré-Pala-Kelo-Bongor-Ndjamena. Selon le tracé, les couts de construction se situeraient entre 2 600 et 6 200 milliards de francs CFA.

Source: L'œil du Sahel n°1965 du lundi 15 juillet 2024