Alors que le Cameroun peine à se remettre des effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19, un scandale financier de grande envergure, surnommé "Covidgate" par la presse, secoue le pays. Selon un rapport accablant de la Chambre des comptes de la Cour suprême, 180 milliards de francs CFA destinés à la lutte contre la crise sanitaire ont été détournés par des responsables gouvernementaux. Pourtant, malgré l'ampleur des révélations, l'affaire stagne dans les couloirs de la présidence depuis des mois.
En décembre 2023, le président Paul Biya avait promis de renforcer la lutte contre la corruption et de relancer l'opération Épervier, un programme anti-corruption inactif depuis plusieurs années. Cependant, six mois après ces déclarations, force est de constater que peu de progrès ont été réalisés. Le dossier "Covidgate" semble enterré et aucune mesure concrète n'a été prise pour sanctionner les responsables présumés.
Cette inertie alimente le mécontentement au sein de la population camerounaise, exaspérée par un système gangréné par la corruption. L'indignation a atteint son paroxysme en octobre 2023, lorsque les membres de la Task Force COVID et CAN, impliqués dans le scandale, ont reçu des distinctions honorifiques pour leur "travail bien accompli". Cette décision controversée a suscité un tollé et questionne la sincérité des engagements du président Biya dans la lutte contre la corruption.
Le "Covidgate" révèle les dysfonctionnements profonds qui minent le Cameroun. La corruption semble ancrée à tous les niveaux de l'État, et les promesses de réforme semblent vaines sans une véritable volonté politique et des actions concrètes.