Cameroun : ‘le système éducatif actuel ne corrige plus les fautes’

Resultats Examens.pagespeed.ce.1W5McL1Q5C Les apprenants ont-ils jeté l’éponge pour se tourner vers d’autres activités ?

Mon, 5 Aug 2024 Source: www.camerounweb.com

Les résultats du Baccalauréat de cette année au Cameroun font réagir le député du PCRN François Biba. L’élu du peuple n’est pas surpris par cette situation pourtant inquiétante. Il pointe du doigt plusieurs facteurs dont le système éducatif actuel.

EXAMENS OFFICIELS 2024, QUE DIRE ?

Les résultats des examens 2024 au Cameroun sont connus, notamment ceux du Bac qui ont fait coulé beaucoup d’encre et de salive avec un taux de réussite est de 37% environ. Dans certains centres d’examen, la mention « NÉANT » était de sorti. Il y a des années que ce mot avait disparu des résultats des examens au Cameroun. Que penser?

– Les apprenants ont-ils jeté l’éponge pour se tourner vers d’autres activités ?

– Les parents ont-ils démissionné ?

– Les revendications des Enseignants (OTS) sont-elles la cause?

– Le système pédagogique lui-même ne laisse-t-il pas à réfléchir ?

– L’Objectivité et la rigueur sont-elles de retour dans l’organisation des examens de l’enseignement secondaire au Cameroun ?

Au milieu de toutes ces questions, une chose est certaine, notre société est mal en point, en décadence parce que les résultats des examens 2024 ne sont que la conséquence logique des maux que nous décrions depuis des années.

Avez-vous essayé de lire le texte d’un étudiant ? Truffé de fautes qui donnent le tournis. Pourquoi ? Parce que le système éducatif actuel ne corrige plus les fautes mais demande aux enseignants de se concentrer sur la logique du texte.

Nous avons d’ailleurs toujours émis quelques doutes quant à l’efficacité de ce système dit d’approche par compétences (APC). La plupart des Enseignants rencontrés nous le confirme. Soyons justes avec nous, ce système abrutit simplement et purement les élèves. Le CEPE de 1970-1980 est l’équivalent du BEPC d’aujourd’hui, voire plus.

Nous régressons et dangereusement.

Les Enseignants sont devenus des jouets entre les mains des élèves. N’est-il pas temps de revenir à l’approche par Objectif (APO) qui pendant des décennies a fait ses preuves ? Approche qui voudrait que l’Enseignant forge les connaissances de l’élève, qu’il lui inculque en quantité et en qualité des connaissances sur la base d’objectifs précis et déterminés à l’avance. Effectivement cette approche a ses limites nous ne saurons le nier mais surtout a montré sa capacité à élever le niveau réel des élèves.

L’approche par compétence (APC) pour laquelle l’Enseignant est supposé être au même niveau que l’apprenant, ne lui montre que les voies et moyens pour atteindre la connaissance. Il revient à l’élève de choisir quelle est la voie qu’il voudrait emprunter pour parvenir au résultat. . Est-ce vraiment cela qu’il faut pour notre système ?

Les experts en pédagogie qui ont mis sur pied ce système, le remettent de plus en plus en question, au vu du niveau décroissant des élèves qui le pratiquent depuis des années.

Nos enfants, chers parents sont le cauchemar des enseignants qui, par crainte de se prendre une raclée évite désormais tout échange avec eux. Il nous revient une discussion que nous avons eu avec un enseignant qui disait: » Je parle une à deux fois après je ne reviens pas dessus car ils sont capables de sortir une arme ou de me violenter. J’ai mes enfants qui m’attendent à la maison ». Un autre déclarait » Ils viennent à l’école nous défier « .

Voilà ce que notre laxisme a fabriqué: des délinquants. Pourtant, avec nostalgie les parents que nous sommes, nous rappelons de la discipline à l’école autrefois, et surtout nous nous rappelons de l’autorité que l’Enseignant représentait.

Nous sommes des parents qui avons perdu le contrôle ; des parents devenus spectateurs de la vie de leur progéniture. Nous avons voulu copier l’éducation occidentale, faire de nos enfants nos confidents, nos complices, nos amis. Mais nous n’avons pas réussi à mettre LA limite à cela. À l’être HUMAIN il faut imposer des limites sinon c’est un laisser-aller, un chaos général.

Nous sommes-nous posés la question de la mise en place depuis Mathusalem des règles, des textes de loi, des sanctions pour réglementer et régir la vie en société ? Eh bien parce que l’Homme a besoin de règles pour pouvoir se tenir. Dans le cas contraire c’est le libertinage, c’est la jungle. Aujourd’hui, nous sommes en plein dans la jungle que nous avons fabriqué de nos propres mains:

– Des enfants insolents dans la maison qui ne respectent plus rien,

– Des enfants qui menacent même de porter main sur leurs géniteurs. D’ailleurs certains vont plus loin que cela et ôtent la vie.

Nous parents d’aujourd’hui, sommes tellement occupés et pris par le travail, que nous oublions de donner le maximum de notre temps à l’éducation de nos enfants ; c’est ainsi qu’ils se sentent libre de vivre comme bon leur semble, ils se livrent à la débauche, sont délaissés à eux-mêmes, se laissent emportés par la mauvaise compagnie et nous en récoltons de multiples échecs à la fin.

Il nous souvient qu’à une lointaine époque, en semaine de cours, il nous était imposé le « Zéro télé ». De nos jours tel n’est plus le cas. De lundi à dimanche, les enfants sont devant les écrans.

Ce sont eux qui font le résumé d’une série de Novelas aux parents. Quels messages véhiculent ces séries ? Nous sommes-nous, parents un tant soit peu posés cette question ?

Nos enfants, nous leur avons offert des portables Android dès l’âge de 11 ans, voire 9 ans sans aucun contrôle parental. Ils surfent sur les réseaux sociaux, voient, lisent et écoutent du n’importe quoi. Notre excuse « C’est de leur temps ».

La drogue, le sexe, l’alcool, les pratiques occultes et déviantes explosent à leur temps, est-ce la raison pour laquelle nous allons les y abandonner? D’ailleurs c’est ce que nous avons fait. Il suffit de voir les vidéos publiées par les jeunes en tenue de classe.

Des enfants qui ont pour modèle des influenceurs douteux. Demandez à une jeune fille qui est son modèle, elle vous parlera de telle influenceuse qui se pavane nue sur les réseaux sociaux, de cette autre influenceuse qui roule dans une voiture à centaines de millions et ne se déplace qu’en jet privé, sans oublier son business qui lui rapporterait des millions par jour.

Posez la même question à un jeune homme, il vous parlera de X ou de Y qui étale des liasses d’argent sur les réseaux sociaux, champagnes et voitures de luxes avec.

Voilà notre société, la jeunesse qui s’en prend plein la vue avec des influenceurs qui voyagent en première classe, qui font étalage d’un luxe insolent mais qui, lorsque vous les lisez ne savent pas construire une phrase, n’en parlons pas de vous écrire une phrase de 5 mots sans faute. Le message envoyé est clair, l’école ne sert rien. Pour réussir, il y a des voies plus prometteuses et faciles.

Nos enfants sont devenus maîtres dans l’organisation des charters de tout genre, des orgies autour des chichias. Nous, parents applaudissons de voir des jeunes enfants assis dans des bars, des jeunes enfants sur qui certains adultes sans foi ni loi pratiquent des danses obscènes.

Des années plus tôt, les artistes étaient engagés, ils pesaient de tout leur poids sur l’éducation au travers de leurs œuvres. Aujourd’hui, les textes musicaux tournent autour du sexe, de l’argent. Les scenari de séries font étalage d’un luxe à outrance. Que penser des télés réalité qui lorsque nous voulons convaincre la jeunesse de ce que le sexe devrait d’abord attendre, ces scenaris montrent des jeunes à peine sortis de l’adolescence se battre pour leur amour.

Quelles conséquences?

C’est simple comme BONJOUR :

Un élève qui n’étudie pas échoue.

Nous voulons saluer le courage dont ont fait preuve les responsables du MINESEC et de l’office du Bac qui auraient pu prescrire une délibération à 6 ou 8 de moyenne que nous n’aurions rien vu, tout serait passé sous silence. Ils ont pris sur eux de publier le niveau réel de nos enfants.

Qu’on le veuille ou pas, ces résultats, nous en sommes tous responsables. Que les parents éduquent leurs enfants comme l’impose l’éthique, et la tradition africaine.

Que les enseignants instruisent les élèves comme le veut la déontologie mais avec des objectifs clairs et définis à l’avance.

Que les enfants voient en leurs enseignants le prolongement de leurs parents, afin qu’ils bénéficient des bienfaits de l’instruction. Que les médias arrêtent de promouvoir le culte de la facilité et de la médiocrité en invitant sur leurs plateaux des personnes qui en fait ne sont pas de véritables modèles de réussite.

Que les artistes tiennent leurs rôles d’artistes engagés car à travers les textes, les scenari, on dénonce les maux et on répare les tares.

OUI, nous sommes TOUS coupables.

HONORABLE FRANÇOIS BIBA

Source: www.camerounweb.com