Cameroun : les dessous du départ de Modeste Mopa de la DGI

Mopa pose ses valises au FMI

Mon, 30 Jan 2023 Source: La Nouvelle N°686

Alors même que l’assassinat de Martinez Zogo continuait à faire des vagues au sein de l’opinion, une nouvelle actualité viendra animer les débats. Il s’agit d’une correspondance signée du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République portant en objet « détachement de Monsieur Mopa Modeste Fatoing auprès du Fonds monétaire international ». « Faisant suite à la note citée en référence, j’ai l’honneur de vous faire connaitre que, monsieur le président de la République a marqué son très haut accord pour le détachement de M. Mopa Modeste Fatoing (directeur général des Impôts) auprès du Fonds monétaire international (Fmi), pour une durée de trois ans », écrit Ferdinand Ngoh Ngoh. Une occasion pour Vision 4 d’organiser un lynchage contre le Dg des Impôts. On va entendre parler de « démission » ou encore de détournements des fonds... Les chroniqueurs ne vont même pas hésiter de faire un parallèle avec l’assassinat de Martinez Zogo. Pour eux, tout ceci motiverait le départ inattendu du Dg des Impôts dont le bilan serait par ailleurs mitigé. Selon certains analystes pointilleux, c’est insulter l’intelligence du président de la République.

Passons. Des sources crédibles, Modeste Mopa Fatoing, inspecteur principal des impôts, devenu en 2013 le plus jeune directeur général des Impôts de l’histoire du Cameroun à 38 ans, se prépare ainsi à clôturer un magistère de 10 ans à la tête de la Dgi, très prolifique pour le Trésor public. Par exemple, pour la première fois de l’histoire des finances publiques camerounaises, les recettes non pétrolières collectées par le fisc ont franchi la barre de 2 000 milliards de Fcfa au cours de l’année 2022. Selon les données officielles, au cours de la décennie 2010-2019, ces recettes ont cru de 127,2%, passant de seulement 855,7 milliards de Fcfa à 1 944,4 milliards de Fcfa, en hausse de 1 088,7 milliards de Fcfa en valeur absolue. Des performances que le Cameroun doit à Modeste Mopa Fatoing et la panoplie des réformes mises en place par ses soins, afin d’optimiser la collecte des recettes

fiscales dans le pays.

C’est notamment le cas avec la digitalisation des services qui réduit au maximum le contact entre les agents du fisc et les contribuables ; la création ou la réorganisation des structures spécialisées pour le suivi des Pme et grandes entreprises ; le transfert de la collecte de certaines taxes aux entreprises (compagnies aériennes et d’assurances) ; la montée en puissance du mobile money dans le paiement des impôts, etc. Au demeurant, si toutes ces réformes ont permis au fisc de mieux renflouer les caisses de l’Etat, en battant les records de collecte, croient savoir nos sources, elles ont été très mal perçues par les opérateurs économiques, qui n’ont eu de cesse d’accuser Modeste Mopa Fatoing de harcèlement fiscal. Evitez surtout de suivre notre regard.

Voies contournées

Pour un lanceur d’alertes très prolixe sur la toile, le reportage de Bruno Bidjang sur le Dg des Impôts était tout simplement inadmissible et même inopportun. Pour lui, quel qu’en soit le différend qui oppose Vision 4 aux Impôts, la déontologie exige en pareille circonstance beaucoup plus de rigueur. Hélas, tel n’a pas été le cas. A en croire notre source, contrairement aux allégations entendues à Vision 4, il y a bientôt près d’un an que le Fmi a fait la proposition à Modeste Mopa Fatoing de prendre la direction de l’administration et la coordination de la politique fiscale des Etats dans le monde. Cette politique apprend-on, est mise en œuvre par le programme appelé Tax Administration Diagnostic Assessment Tool (Tadat) du Fmi. C’est l’un des postes les plus prestigieux qui colle désormais à notre pays du fait du Covidgate ? On pourrait leur répondre par l’affirmative.

Ceci, en faisant foi à cette information qui prétend dans les milieux du ministère de la Justice que, las d’attendre que le ministre d’Etat Laurent Esso transmette au président de la République, via le Pm, le rapport de la Chambre des comptes, le Pm Joseph Dion Ngute, par des voies contournées, aurait réussi à obtenir 2 exemplaires dudit rapport pour le faire parvenir au président Paul Biya. Une curiosité toutefois : lors de son dernier passage à la conférence annuelle du Fmi et de la Banque mondiale au mois d’octobre 2022, à Washington, le Minfi n’aura pas manqué d’exciper, sur fond de fanfaronnades pour se vendre aux yeux des bailleurs de fonds, ce rapport de la Chambre des comptes qui présente notre pays comme un pays diantrement corrompu.

Aujourd’hui avec les révélations de Martinez Zogo et certains medias sur le scandale des lignes 94, 65 et 57, ces bailleurs découvrent fort étonmonde entier. Le Dg des Impôts ainsi contacté, indique notre source, s’était donné un temps de réflexion, bien longtemps avant l’assassinat de Martinez Zogo. Concernant encore la promotion du Dg des Impôts, de nombreux observateurs veulent savoir si la nomination de Mopa au Fmi aurait un quelconque rapport avec la mauvaise ré-nés, le vrai visage de Louis Paul Motaze.

D’où, indiquent des sources dignes de foi, leur courroux et leur fermeté. D’ailleurs à en croire d’autres sources, le Fmi constitue l’un des principaux leviers qui exercent une pression vertigineuse sur le président de la République depuis l’assassinat de Martinez Zogo. Bretton Woods menaçant de fermer les robinets. Il se raconte dans les allées du Minfi que le Fmi avait déjà maille à partir avec le régime de Yaoundé après la gestion catastrophique des fonds alloués par les bailleurs de fonds dans la lutte contre le Covid 19. Le rapport des auditeurs de la Chambre des comptes de la Cour suprême avait deja, pour ce faire, révélé de nombreux dysfonctionnements dans l’attribution des marchés. Tout ceci, contrairement aux oiseaux de mauvais augures qui voyaient la main de Ferdinand Ngoh Ngoh dans ce scandale. Le rapport de la Chambre des comptes était pourtant clair.

Source: La Nouvelle N°686