Cameroun : les doutes sur la capacité de gouvernance de Paul Biya inquiètent jusqu'à son propre camp

Cavaye Niat Et Biya Image illustrative

Wed, 16 Jul 2025 Source: www.camerounweb.com

Révélations exclusives sur les préoccupations au sein de l'entourage présidentiel face à l'effacement du chef de l'État

Alors que Paul Biya vient d'annoncer sa candidature, ses plus proches collaborateurs s'inquiètent en privé de son retrait apparent des affaires publiques. Jeune Afrique révèle les coulisses d'une campagne où le candidat semble absent.

L'annonce de candidature de Paul Biya le 13 juillet a certes rassuré ses partisans, mais elle n'a pas dissipé les interrogations croissantes sur l'implication réelle du président dans sa propre campagne. Jeune Afrique a pu recueillir les préoccupations exprimées dans l'entourage présidentiel concernant la capacité du chef de l'État à mener une campagne active.

Selon nos sources exclusives au palais présidentiel, Paul Biya n'a pas été directement impliqué dans la préparation de sa déclaration de candidature. Celle-ci a été entièrement rédigée par ses équipes, dirigées par Samuel Mvondo Ayolo et Ferdinand Ngoh Ngoh, sans consultation préalable approfondie avec le principal intéressé.

Cette situation inédite soulève des questions sur la capacité du président à s'investir personnellement dans la campagne. Jeune Afrique apprend que cette préoccupation est partagée par plusieurs hauts responsables du régime, qui s'interrogent sur la stratégie à adopter face à un candidat peu visible.

Les annulations et reports successifs d'événements officiels alimentent ces inquiétudes. Nos informations révèlent que le sommet conjoint de la CEEAC et de la Cemac, initialement prévu le 18 juillet, a été reporté sans explication officielle, renforçant les spéculations sur l'état de santé du président.

Cette situation a contraint l'entourage présidentiel à orchestrer des apparitions stratégiques pour rassurer. Jeune Afrique dévoile que la réapparition télévisée de Paul Biya le 15 juillet, lors de l'audience accordée au nonce apostolique José Avelino Bettencourt, était une opération de communication soigneusement planifiée.

Pour contrer ces préoccupations, selon nos sources, l'entourage présidentiel a multiplié les signaux de "normalité". La signature d'actes concernant la carrière de hauts gradés de l'armée - notamment Joseph Fouda - et l'annonce de la session du bureau politique du RDPC prévue le 18 juillet participent de cette stratégie.

Jeune Afrique apprend que ces événements ont été minutieusement préparés par l'équipe de Samuel Mvondo Ayolo pour donner une image de continuité et de contrôle de la part du chef de l'État.

Face à cette situation, l'entourage présidentiel fonctionne désormais en mode "suppléance" non assumée. Nos sources révèlent que Ferdinand Ngoh Ngoh agit de facto comme un directeur de campagne, recevant les différents acteurs politiques et transmettant les consignes présidentielles.

Cette configuration inédite pose la question de la légitimité des décisions prises et de leur attribution réelle à Paul Biya. Jeune Afrique a pu établir que plusieurs responsables du parti au pouvoir s'inquiètent de cette déconnection entre le candidat et sa campagne.

Cette situation influence directement la stratégie de campagne. Selon nos informations, l'équipe présidentielle privilégie désormais une communication institutionnelle et des apparitions contrôlées, évitant les meetings de masse et les confrontations directes avec l'opposition.

Le choix d'annoncer la candidature via les réseaux sociaux, plutôt que lors d'une conférence de presse ou d'un discours télévisé, s'inscrit dans cette logique de communication maîtrisée et distante.

Ces préoccupations dépassent le cadre électoral. Jeune Afrique révèle que plusieurs cadres du régime s'interrogent sur la gouvernance post-électorale en cas de victoire de Paul Biya. La question de la délégation effective des pouvoirs et de l'influence croissante de l'entourage présidentiel devient centrale.

Cette situation inédite, révélée en exclusivité par Jeune Afrique, illustre les défis auxquels fait face un régime confronté à l'âge avancé de son dirigeant et aux interrogations sur sa capacité à exercer pleinement ses fonctions.

L'élection présidentielle du 12 octobre prochain s'annonce ainsi comme un test non seulement pour Paul Biya, mais aussi pour la capacité de son entourage à maintenir l'illusion d'une présidence active et engagée.

Source: www.camerounweb.com