Cameroun : les enseignants invités à dénoncer leurs collègues absentéistes

Le 30 mai dernier une note du ministre des enseignements secondaires appelait les enseignants à dénoncer leurs collègues qui auraient déserté via un site en ligne. Que pensez-vous de cette stratégie ?

Pour ma part c'est juste inadmissible de donner le feu vert à tout le monde de pouvoir dénoncer un enseignant absent à son poste. Ce qu'il faut d'abord souligner c’est que ,cette note donne le pouvoir à toute personne pour un règlement de conflit. La jalousie en milieu professionnel et la guerre de positionnement poussent très souvent les collègues à se mettre les bâtons dans les roues. Cette note est donc une arme ultime.

Quelles sont selon vous, les conséquences que pourrait causer cette décision de Madame la ministre au sein du corps enseignant ?

La première conséquence de cette note sera les fausses dénonciations, la réduction du pouvoir de la hiérarchie. Sans oublier la révolte des enseignants. Admettons que les dénonciateurs soient objectifs, est-ce à dire que la voie hiérarchique ne fonctionne pas ? Moi je trouve que c'est simplement bafouer l'autorité des chefs d'établissement qui à priori sont les premières habiletés à constater l'absence d'un enseignant. Je ne sais pas ce qui a poussé madame la ministre à prendre cette décision, mais quoiqu'il en soit, elle n'est pas l'idéale pour résoudre ce problème récurrent d'abandon de poste par les enseignants. Je condamne avec la dernière énergie cette pratique qui met à mal l'éducation dans notre pays, mais j'interpelle tout aussi les pouvoirs publics à s'interroger sur les raisons. Si les conditions du travail sont améliorées et qu'à leurs revendications des solutions pérennes trouvées, je suis convaincu qu'on parlera de situation irrégulière dans le passé.

Quelles solutions proposeriez-vous pour pallier au phénomène d'abandon de poste surtout dans les trois régions septentrionales qui sont généralement les plus concernées ?

Pour pallier ce problème, il faut respecter le profil de carrière des enseignants. Cela réduirait les frustrations et donnerait du courage et de l'espoir aux enseignants. Les mutations doivent être objectives et fréquentes.

Est-ce le problème du statut de l'enseignant qui est ainsi remis en cause ?

Bien sûr, c'est le statut de l’enseignant qui est mis en cause. L’enseignant est piétiné et ce n'est pas du tout normal.