Cameroun : les parents d’élèves stressés à la veille de la rentrée scolaire

A la difficulté de rassembler les frais d’inscription s’ajoute celle de trouver une place

Tue, 29 Aug 2023 Source: Terre promise N°151

À moins d’une semaine du démarrage de la nouvelle année scolaire fixée au 04 septembre 2023, beaucoup de parents ont perdu le sommeil. A la difficulté de rassembler les frais d’inscription s’ajoute celle de trouver une place à son enfant dans un établissement agréé.

Judith M. est parent d’un élève en provenance d’un établissement public d’enseignement secondaire de la ville de Bafoussam, dans la région de l’Ouest du pays. Pour des raisons d’ordre professionnel, elle a migré avec son enfant vers la capitale Yaoundé pendant les grandes vacances afin de rejoindre son nouveau poste d’affectation. En cette veille de rentrée scolaire, elle a dû faire appel à une relation familiale, membre du corps enseignant, pour faire inscrire son enfant dans un lycée de la place, malgré la lettre de mutation de son enfant signée du chef de son établissement de Bafoussam. Si Judith M. est ainsi épargnée de ces longues files d’attente de parents et d’élèves confondus qui se forment devant les bureaux des chefs d’établissement en vue d’une inscription scolaire, il lui a fallu tout de même garantir la place de son enfant en payant en même temps les frais de scolarité exigibles et les frais de contribution au fonctionnement de l’APEE (Association des Parents d’Elèves et J udith M. est parent d’un élève en provenance d’un établissement public d’enEnseignants). Elle explique que pour être à mesure de répondre à ces charges financières récurrentes liées à l’éducation de sa progéniture, elle use de planification.

En effet, elle est membre d’une association civile au sein de laquelle elle s’est engagée dans une tontine.

Dans l’ordre des bénéficiaires de ladite tontine, elle s’est positionnée en collant au calendrier de la rentrée scolaire, à l’effet de disposer à temps de ces fonds pour assurer les frais d’inscription scolaire et payer les fournitures de classe exigées. Si le cas de Judith M., salariée de son état, semble relativement aisé avec un seul enfant à charge, la situation est plus complexe encore pour la plupart des parents qui doivent gérer deux, voire plus de trois enfants à la fois, en cette période de rentrée scolaire. Ils sont nombreux en effet, ces parents dont le salaire mensuel est loin d’être suffisant pour payer en une fois les frais de scolarité d’un seul enfant, à plus forte raison de deux ou de trois.

Ceux qui manquent de prévoyance, contrairement à Judith M., doivent négocier fort pour obtenir un moratoire et sécuriser la place de leur progéniture. Ce sont les fonds qui manquent le plus, dans un contexte où le pouvoir d’achat des citoyens et des parents dégringole au fil des ans, en raison de la hausse progressive des prix des produits de consommation de masse dont les vivres et les hydrocarbures. Le gouvernement essaye, tant bien que mal, d’atténuer les effets néfastes de cette inflation Le 4 septembre prochain, les élèves des écoles, collèges et lycées reprennent le chemin des classes.

Un grand moment de la vie nationale, pour la réussite duquel l’État et la communauté éducative doivent se préparer avec minutie, tant les défis sont nombreux. Mais alors toutes les conditions sont- elles réunies à cet effet? RENTRÉE DES CLASSES Une question de fonds sur la rentrée scolaire et le portefeuille des parents.

Le ministère du commerce est à la manœuvre pour organiser des ventes promotionnelles de livres et fournitures scolaires à travers les départements du pays. C’est aussi le moment où plusieurs institutions bancaires qui ont flairé la bonne saison des affaires ressortent des tiroirs leur offre de crédit scolaire. Chacun vante ses avantages préférentiels pour séduire le parent souvent désemparé.

Encore faut-il que ce dernier soit salarié et satisfasse aux conditions de banque. En zone rurale, la situation est davantage complexe. Le financement de la scolarité dépend en grande partie du fruit de la vente des vivres et autres produits de rente comme le cacao et le café. Mais le plus souvent, le calendrier des inscriptions scolaires ne correspond pas toujours à la saison des ventes. Pour un agriculteur qui manque de prévoyance, le temps de la rentrée scolaire devient un moment de cauchemar. Au fur et à mesure qu’approche le jour de la rentrée, la tension monte chez les parents. Entre l’établissement scolaire à trouer et les fournitures scolaires à acheter, les parents ne savent plus ou donner de la tête. C

Source: Terre promise N°151