Cameroun : ma première rencontre avec une morte-vivante

Les autres patients ont fui la salle

Mon, 27 Nov 2023 Source: www.camerounweb.com

Claudel Noubissie n’est pas qu’un entrepreneur. Le promoteur de la marque Njoka est également un médecin. Dans son livre « Cameroun & Étranger », il raconte son premier contact avec un mort-vivant dans une formation hospitalière dans la région de l’Ouest.

Nous sommes le 16 juillet 2012, je suis en stage hospitalier à l'hôpital régional de Bafoussam.

Bafoussam, chef-lieu de la région de l'ouest-Cameroun, à la fois ville et village du peuple du même nom dont l'hôpital régional est la structure médicale publique avec le plus grand plateau technique de la région.

Si j'ai choisi cet hôpital pour y faire mon stage, c’était surtout du fait de la diversité des maladies qu'on y retrouve, mais aussi et surtout parce qu'il est plus facile d'y apprendre, puisqu'il n’y a pas beaucoup de stagiaires.

Ce soir, j’étais de garde avec deux camarades et le médecin. Nous, étudiants en médecine, étions chargés de consulter les patients, de faire un rapport au médecin qui devait le corriger et proposer la conduite à tenir (CAT).

Ce soir, je reçois une patiente, Babette, jeune fille de 17 ans, qui arrive avec sa mère. Il était 19h.

Elle se sentait très fatiguée mais, arrivait tout de même à marcher. Les infirmières commencent par prendre ses paramètres puis l’emmènent en salle de consultation et je prends la relève.

Après la consultation, je pose un diagnostic d'hystérie.

En effet, l'hystérie est une névrose, c'est-à-dire, un trouble mental qui s'exprime par un dysfonctionnement du système nerveux avec des troubles du comportement dont le sujet est douloureusement conscient.

Mais sur lequel il n'a aucune prise.

L’hystérie est caractérisée par la conversion corporelle (passage vers le corps) d'un conflit psychique ou encore par le langage corporel qui permet au malade d'exprimer ses sentiments inconscients.

C'est un trouble sans origine organique, caractérisé par une hyper-expressivité des émotions, des troubles sexuels, et une angoisse extériorisée dans le discours.

Après avoir posé le diagnostic, je présente le cas au médecin de garde qui procède à la consultation et confirme mon diagnostic.

Elle met sur pied la prise en charge qui était principalement constituée d’une perfusion et d'observation. Je devais donc surveiller Babette toutes les heures.

Je l'installe en salle d'hospitalisation où se trouvaient quatre autres patients.

Aux environs de 20h, je vais la regarder en salle et je me rends compte que tout va pour le mieux.

Ses paramètres sont stables et sa mère est auprès d'elle pour nous signaler d'éventuels soucis.

20h 30 : sa mère arrive brusquement dans la salle de garde en criant :

« Docteur, venez vite, ma fille ne va pas bien ! ».

Nous nous précipitons en salle d'hospitalisation et Babette était en train de convulser.

Nous décidons d'agir immédiatement en effectuant des manœuvres spécifiques pour ce type de cas, ainsi qu'une injection et nous alertons rapidement le médecin de garde.

Le temps que le médecin arrive, Babette fait un arrêt cardiaque !

Nous procédons IMMÉDIATEMENT à la réanimation cardiopulmonaire dans le but de rétablir l'activité cardiaque et l'oxygénation des organes.

Tout ceci manuellement en effectuant tour à tour : la libération des voies aériennes supérieures, la ventilation artificielle et le massage cardiaque puisque nous ne disposons pas de défibrillateur, ni d'oxygène aux urgences de cet hôpital de référence.

Curieux tout de même !

Dès que le médecin arrive, elle prend directement le relais. Babette ne réagit plus !

Nous étions tous terrifiés, tristes, tout ce spectacle devant tous les autres patients qui regardaient la scène.

Nous n'avons pas pu retenir nos chaudes larmes qui coulaient à profusion.

Quelques minutes plus tard, son père arrive à l'hôpital, entre dans la salle et se met à pleurer, lui aussi à chaudes larmes devant le corps inerte de sa fille.

C'était vraiment une scène horrible, insoutenable !

Quelques minutes après, on nous annonce l'arrivée d'un nouveau patient, lui dans le coma.

Il fallait donc aller rapidement s'occuper de ce nouveau cas puisque nous n'étions pas nombreux dans l'équipe de garde.

Nous installons le nouveau patient dans la même salle que Babette (puisqu'il n’y en avait pas une autre salle disponible de toutes les façons) qui était encore couché sur son lit, son père juste à côté et moi qui essayais de le consoler.

Et là, un phénomène ÉTRANGE se produit.

Son père me tapote et me dit :

« Regarde ma fille docta ! »

Lorsque je me retourne pour regarder, je vois Babette en train de lever délicatement sa main droite.

J'ai directement pris peur en me disant :

« Comment est-ce possible ? Ça fait plus de vingt-cinq minutes que son cœur a arrêté de battre ».

Je regarde encore attentivement et elle lève encore plus haut son bras, puis son deuxième bras.

Ensuite elle lève brusquement son pied gauche !

Son père cesse directement de pleurer en se disant que sa fille revient à la vie et moi je cours rapidement appeler le médecin pour lui demander de venir regarder ce phénomène INCROYABLE.

Elle arrive ainsi que tout le corps médical et Babette bougeait tous les membres de son corps ! Elle vérifie ses organes, aucune réaction !

Son cœur ne bat pas, elle ne respire pas, mais elle bouge !

Le médecin reprend une fois de plus avec la réanimation cardio-pulmonaire (bouche-à-bouche, massage cardiaque…).

RIEN !

Elle ne fait que bouger.

Les patients qui étaient couchés dans la même salle se mettent à fuir (pour ceux qui pouvaient se lever) et là, je me suis vraiment dit qu'il était temps que…

La suite dans le livre !

Un extrait de mon livre "Un médecin atypique", désormais disponible !

N.B.

J’ai été témoin de scènes de mouvements après un décès deux fois, durant ce stage de cinquième année médecine.

La deuxième fois, c’était toujours aux urgences et il s’agissait d’un homme de 52 ans.

En effet, ce phénomène s'appelle le signe de Lazare ou réflexe de Lazare (venant de Lazare de la Bible, comme une sorte de résurrection).

C'est un mouvement réflexe parfois observé chez les patients en état de mort cérébrale, qui consiste le plus souvent en une flexion des avant-bras (sur les bras), les mains pouvant ainsi atteindre le sternum, le cou ou le menton.

Ces mouvements post-mortem naissent de la moelle épinière, et non du cerveau ou du tronc cérébral, et la physiopathologie de ces mouvements est encore mal comprise.

Il importe que les familles et le personnel soignant connaissent l’existence possible de ces mouvements qui, bien qu’impressionnants, ne sauraient remettre en cause le diagnostic de mort cérébrale !

C’est ça l’univers médical : chaque jour, on découvre des choses qu’on ne saurait expliquer, qui peuvent décourager, vous pousser à abandonner, mais aussi à vouloir en savoir davantage.

Source: www.camerounweb.com