Cameroun : quand Ahidjo se fait Hara-kiri

Ahmadou Ahidjo Old L’ambassadeur de France pointe du doigt l’homme de l’ombre

Wed, 24 Jul 2024 Source: Le Témoin

Dans la société du japon féodal, il Ya les seigneurs ou daïons et la classe des guerriers ou samouraïs. Ceux-ci sont au service des daïmios qui leur versent une pension. Quand un samouraï commet une faute grave, le seigneur nr l’exécute pas, mais de fautif ce suicide honorablement en ouvrant son ventre avec son épée. C’est d’ailleurs un privilège pour lui de se donner ce genre de mort. De nos jours, lorsque quelqu’un s’inféode à un plus grand que lui et qu’a un moment donné il prend des libertés vis-à-vis de son seigneur, il se fait harakiri car il sait très bien que la sanction qui lui sera infligée sera sans appel.

Le premier président de la république du Cameroun, Ahmadou Ahidjo, au fond de sa tombe au Sénégal, en sait quelque chose. Ahmadou Ahidjo, après ses études à l’école supérieure à Yaoundé, intègre l’administration coloniale française comme télégraphiste, puis comme opérateur radio. Très vite l’administrateur colonial français, Guy Georgi, porte un regard sympathisant sur lui et devient son mentor. Grace à lui, Ahidjo fait ses armes en politique. C’est ainsi qu’il est élu à l’assemblée territoriale du Cameroun, tout en étant conseiller à l’assemblée de l’union française en 1947.

Puis le français louis-Paul Aujoulat prend le relais de l’administrateur Guy. Alors secrétaire d’état de la France d’outre-mer, louis Paul Aujoulat, arrivée au Cameroun en 1938, le met dans son parti politique, le bloc démocratique camerounais(BDC). Après les élections à l’assemblée législatives du Cameroun en décembre 1956, avec la bénédiction de mgi René graffein vicaire apostolique de Yaoundé, le haut-commissaire de France au Cameroun nommé André marie mbida, premier ministre, le tout premier dans l’histoire du Cameroun . Il forme le tout premier gouvernement du Cameroun au sein duquel Ahmadou Ahidjo occupe le poste de vice-premier ministre chargé de l’intérieur, le 16 mai 1957. Mais très vite, André-marie mbida, se prenant pour le nombril de la terre, se met à dos les autorités de l’église catholique qui l’avaient pourtant soutenu, les colons français et l’administration coloniale. La France comprend qu’elle a mis un crotale dans sa propre poche.

Elle doit l’enlever et l’écraser au plus vite. Un chargé de mission débarque à Yaoundé. Il s’appelle jean ramadieu, le nouveau haut-commissaire en remplacement de pierre Messmer. Il a deux semaines, pour, par des manœuvres pas très catholiques, envoyer cet imprudent André-Marie Mbida pleurnicher auprès de sa maman au village. Il est remplacé par le docile enfant de cœur, Ahmadou Ahidjo. Sage et malin comme le lièvre de la fable de la fontaine, Ahidjo sait qu’on ne partage pas avec le lion, on lui donne tout. Lors de son discours d’investiture comme nouveau premier ministre le 19février 1958, il déclare : « nous savons que l’association avec la France est nécessaire et même indispensable ».

La France se frotte les mains d’aise et se dit alors que voilà l’homme qu’il nous faut, d’autant plus que qu’à l’occasion du premier anniversaire de la création de l’état du Cameroun sous tutelle en mai 1958, Ahidjo est plus précis : « c’est avec la France que, une fois émancipé, le Cameroun souhaite librement lier son destin pour voguer de concert sur les mers souvent houleuses du monde d’aujourd’hui ». La France peut alors dormir sur ses deux oreilles, même si les nationalistes de l’UPC continuent la lutte pour la véritable indépendance du Cameroun. C’est pourquoi à la veille de l’indépendance du Cameroun français le 1erjanvier 1960, Ahidjo signe des accords de coopération avec la France qui peuvent se résumer en deux points : rayer les upécistes de la carte du monde et laisser la France gérer le Cameroun en sous-main.

Et Ahidjo de répondre : « nous savons, par ailleurs, que nous pouvons compter sur l’assistance des cadres métropolitains et l’aide généreuse de la France ». À l’indépendance, Ahidjo joue parfaitement sa partition : l’ambassadeur français au Cameroun est le véritable président de la république. Chaque ministre à auprès de lui un conseiller français. Les conseiller militaire français sont présent dans l’armée camerounaise qui pourchasse, tue et massacre les Upécistes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. En pays Bamiléké et dans le mungo, c’est un véritable génocide. Les libertés fondamentales sont jetées aux calendes grecques. La France, tout en étant satisfaite de son homme lige, veille au grain et pense à l’avenir. On ne sait jamais ! Elle met à côté d’Ahidjo un personnage amadin et affable, proposée par louis-paul Aujoulat en 1962, Paul Biya. Dès 1970, Ahidjo est au fait de sa gloire.

Il organise avec faste le dixième anniversaire de l’indépendance du Cameroun français. En aout 1970, le dernier leader upéciste Ernest Ouandié se rend aux autorités militaires. En décembre 1970,il est jugé avec Mgr Albert ndogmo et d’autres combattant . Le 15 février 1971, Ouandié est fusillé sur la place publique à Bafoussam devant une foule rassemblée. Un observateur raconte : « après qu’il fut atteint par la salve mortelle du peleton, un officier européen, que personne n’avait remarqué,(…) s’est détaché de l’assistance, approché de Ouandié Ernest mourant agenouillé auprès de lui, mis sa main à son étui de révolver, pencher en avant et tiré à bout portant ». Ahidjo peut chanter le Te Deum pour avoir accompli son contrat auprès de la France sans savoir qu’il vient ainsi de se mettre une balle dans la tête , de ce fait hara-kiri ;puis qu’à parti de ce moment, il commence à faire du zèle vis-à-vis de son seigneur, la France, lors de la visite du président français Georges Pompidou au Cameroun, Ahidjo lui dit carrément au nez :

« le désir du Cameron est d’élargir autant que de besoin et dans le non alignement , l’éventail de ses relation avec d’autres pays industrialisés(…). Les multiples problèmes auxquels un pays en voie de développement doit faire face, ne peuvent trouver des solutions adéquates dans le dialogue avec un partenaire unique ». Passant de la parole à l’acte, il noue des relations diplomatiques avec la chine en pleine guerre froide, la même année en 1971. Toujours en 1971, le Cameroun quitte Au Afrique une compagnie aérienne, fondée en 1926 par la France et qu’en 1961 un accord la lié avec les anciennes colonies françaises d’Afrique. En 1973, Ahidjo se rend en chine ou il déclare devant le premier ministre, Chou en lai : un vaste champ de collaboration s’offre à nos deux pays « La France, humilié, se dit : « sacrilège des sacrilèges ! Ahidjo doit être remplacée. Mais par qui ? »

L’ambassadeur de France pointe du doigt l’homme de l’ombre, le fusible d’aujoulat : Paul Biya qui en 1975 devient premier ministre, un poste qu’Ahidjo est obligé de créer. En 1977, Ahidjo de nouveau en chine ou il dit : nous voulons développer (…) les relations d’amicale et sincère coopération qui existent entre nos deux pays. La France comprend qu’il faut prendre Ahidjo de vitesse. En 1979, il doit modifier la constitution, faisant du premier ministre le successeur constitutionnel en cas de vacance de pouvoir. Début novembre, il annonce à la nation : « j’ai décidé de démissionner de mes fonctions du président de la République.

Source: Le Témoin