Ahmadou Tidjani, Moussa et Arouna, tous conducteurs de moto-taxi dans la ville de Kribi, reposent désormais pour l’éternité au cimetière musulman de cette ville. Des inhumations précédées par la découverte vendredi dernier des trois corps sans vie dans une forêt située à une quinzaine de kilomètres du centre-ville.
Les enquêtes sont ouvertes par les forces de sécurité de la cité balnéaire. Ahmadou Tidjani a disparu dans la nuit de mardi à mercredi dernier. Selon les témoignages de ses proches, le jeune homme devait passer la moto à un autre conducteur dans la matinée de mercredi. Son téléphone ne sonne pas. De bouche à oreille, l’avis de recherche est donc lancé. Vendredi matin, vers 6h, la mauvaise nouvelle tombe. Quelques jours avant, le même scenario a été observé au sujet des disparitions de Moussa et Arouna.
Les témoignages de certains conducteurs de moto laissent entendre que depuis quelques jours, un gang de brigands sème la terreur dans la ville de Kribi. Ces hors-la-loi trouvent un terrain fertile dans le secteur des mototaxis. Il ne se passe plus un jour sans qu’on enregistre un cas d’agression dans ce milieu. Selon certaines informations, la grande forêt entre les villages Mpolongwé, arrondissement de Kribi II et Bissiang, dans la Lokoundjé sert de base arrière à ces tueurs.
C’est ainsi que pendant plusieurs heures, le 8 décembre 2023, le préfet de l’Océan Nouhou Bello, les moto-taximen, les populations et les forces de l’ordre ont organisé une battue dans la forêt. Il a fallu une quinzaine de kilomètres de marche dans cette forêt où les pistes se croisent à n’en plus finir pour trouver trois corps en état de putréfaction. Toujours selon les conducteurs des mototaxis, ces malfrats qui opèrent de jour comme de nuit, ont plusieurs techniques pour faire des victimes. Une moto est stoppée par deux personnes qui ont avec elles des rejetons de bananier ou deux sacs de ciment. On fait savoir au conducteur qu’on va au champ ou dans un chantier selon le bagage qui sert d’appât. Arrivés au lieu indiqué, les malfrats sortent des machettes et des poignards.
L’ordre est intimé au conducteur de donner sa moto et sa recette.
« Si tu résistes, ils te poignardent et ils arrachent ta moto », raconte Oumarou, rescapé. L’autre mode opératoire, davantage nocturne, consiste à proposer au conducteur une somme d’argent élevée pour une destination éloignée du centre-ville. A mi-parcours, on lui impose une halte au cours de laquelle il doit alors obéir à tous les ordres s’il tient à sa vie. « Nous mettrons tous les moyens pour arrêter ces malfrats », fait savoir le préfet de l’Océan, Nouhou Bello qui par ailleurs, demande la collaboration des mototaximen dans ce combat