L’homme en tenue a été reconnu coupable des faits de violation de domicile, destruction, blessures légères et violation de consigne par le Tribunal militaire de Yaoundé. Sa compagne, qui ne veut plus de lui, l’accuse de s’être introduit dans son domicile en son absence et de l’avoir violentée. Le mis en cause reconnait les faits.
L’adjudant-chef Nestor Diro est victime de l’amour qu’il dit ressentir pour sa «maitresse». Il a été renvoyé en jugement devant le Tribunal militaire (TM) de Yaoundé, pour répondre des faits qualifiés de violation de domicile, destruction, blessures légères et violation de consigne. C’est Agnès Juliette Mbele, sa compagne de longue date, mère célibataire et handicapée moteur, qui est à l’origine de ses déboires judicaires. L’homme en tenue, qui comparait libre, reconnait les faits mis à sa charge. Le 13 juillet 2023, le couple s’est donné en spectacle devant le juge militaire, qui, en vain, a tenté une réconciliation.
En effet, Agnès Juliette Mbele a raconté que c’est depuis 2019 qu’elle entretient une relation amoureuse avec l’adjudant-chef Nestor Diro, un homme marié et père de plusieurs enfants. Au début de leur idylle, le couple filait le parfait amour. C’est en 2021, lorsqu’elle a voulu mettre un terme à leur idylle à cause des violences physiques que lui infligeait son compagnon, que les problèmes ont commencé. Seulement, Nestor Diro n’a toujours pas digéré cette rupture. Il s’obstine à lui faire des crises de jalousie, jusqu’à son lieu de commerce. «Cela fait 2 ans qu’il a pris ses vêtements et est parti de chez moi. J’ai demandé qu’on se sépare afin qu’il puisse retrouver sa femme et ses enfants. Je ne sais pas pourquoi il me suit partout. Quand il est ivre, il m’insulte et me tabasse en public», a déclaré la plaignante d’entrée de jeu.
Conjoint encombrant
Poursuivant son témoignage, Agnès Juliette Mbele a relaté au tribunal que dans la journée du 18 mars 2023, le mis en cause s’est une fois de plus pointé à son lieu de commerce, soûl, et lui a proféré des injures comme à son habitude. Il lui a ensuite promis la mort, tout en la traitant de prostitué et de salle fille. Seulement, une fois la nuit tombée, l’homme en tenue serait revenu au domicile de la plaignante et s’y serait introduit en l’absence de cette dernière. A son retour du marché, Agnès Juliette Mbele dit avoir constaté que la serrure de sa porte a été changée : dès lors, elle ne pouvait plus accéder à son domicile. Elle dit avoir passé la nuit à la belle étoile.
Au petit matin, la présumée victime a été surprise de voir Nestor Diro sortir de sa maison avant de détruire sa marchandise et emporter sa recette de 8 mille francs. Il l’a ensuite poignardée à l’aide d’un couteau, l’arme de protection militaire qu’il détenait par devers lui. Agnès Juliette Mbele s’en est sortie avec une incapacité de travail de 23 jours. Ce sont ces faits qui ont été qualifiés de violation de domicile, destruction, blessures légères et violation de consigne. «Il a voulu me tuer. Je ne suis plus avec lui. Il me dérange. Je veux qu’il me rembourse l’argent qu’il a pris dans mon sac ce jour-là. Je ne l’aime plus parce qu’il me tabasse beaucoup», a-t-elle confié.
Nestor Diro, qui reconnait les faits qui lui sont reprochés, a néanmoins donné sa version de l’histoire devant le juge militaire. Il a, pour sa part, expliqué qu’il passe 5 jours sur 7 au domicile de sa copine et qu’il contribue aux charges de la maisonnée à hauteur de 20 mille francs le mois. Le jour des faits, l’homme en tenue relate qu’il a ouvert la porte du domicile querellé avec le double de clés reçu de sa compagne. «La porte se ferme avec le cadenas de l’extérieur et à l’intérieur avec une vachette. Comme elle vend les whiskies en sachet et les cigarettes tard dans la nuit, je suis rentrée à la maison pour me reposer. C’est ainsi que j’ai fermé la porte comme d’habitude parce que nous vivons dans un quartier dangereux», a-t-il relaté. Pour ce qui est des faits de blessures légères, l’homme en tenue se dit également victime des violences de la part de sa concubine. «Elle me tape tout le temps et je supporte aussi par amour. Ce qui me rend jaloux est le fait qu’elle défile avec d’autres hommes devant moi. Mon cœur n’a pas d’os, je l’aime encore. Apres cette audience, je rentre avec elle».
Copain bouffon
Le tribunal a essayé de ramener ces anciens copains à de bons sentiments. Sans succès. «Quel est le véritable problème dans votre couple ? Ça se voit à des kilomètres que vous vous aimez encore. Je vous suggère de faire la paix», a conseillé le juge. Mais ce dernier s’est heurté à la détermination de la dame d’en finir avec cette relation. Elle soutient que le militaire mange beaucoup et ne lui donne que 20 mille francs le mois alors que toutes les autres charges lui reviennent. Pour attendrir le cœur de sa copine, Nestor Diro a présenté des excuses à celle-ci et a promis de ne plus recommencer.
Au terme des débats, le tribunal a accepté le «plaidé coupable» de l’adjudant-chef Nestor Diro et l’ a déclaré coupable des faits mis à sa charge. Lors de sa plaidoirie, l’avocate d’Agnès Juliette Mbele a souhaité que sa cliente soit dédommagée à hauteur de 1,5 million de francs. «Elle a subi un énorme préjudice du fait de cet amant violent. Le carnet médical qui est dans votre dossier de procédure renseigne suffisamment à ce sujet. La victime continue à faire des massages au Centre Jamot. Aujourd’hui, il s’est arrêté à l’agression mais, demain, il pourrait lui donner la mort», a soutenu l’avocate. Elle a également sollicité que le tribunal ordonne que Nestor Diro cesse d’importuner sa cliente par sa présence.
Lors de ses réquisitions sur la peine, le commissaire du gouvernement a demandé au juge militaire d’accorder de larges circonstances atténuantes au mis en cause en raison de sa qualité de délinquant primaire. Il a également requis que ce dernier alloue un montant raisonnable à la victime. L’affaire a été mis en délibérée pour le 10 août 2023.