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Cameroun : vers une année blanche

La grève des enseignants se poursuit

Fri, 18 Mar 2022 Source: L'information N°038

Un mois déjà que la grève des enseignants du primaire et du secondaire maintient l’école sous perfusion. Les actions gouvernementales prises jusqu’ici tardent à ramener les choses dans l’ordre les seigneurs de la craie sont déterminés à se faire entendre une bonne fois pour toute au grand péril de l’année scolaire 2021- 2022.

Lancé par un préavis de grève le 4 février 2022 par un syndicat des enseignants de l’éducation de base, le mouvement à été suivi et amplifié une semaine plus tard par leurs collègues du secondaire qui en ont fait une véritable patate chaude entre les mains du gouvernement camerounais. Une grève particulière comparativement à ce qu’on a observé les années précédentes. Au lieu des manifestations populaires dans les rues, les enseignants ont opté cette fois pour une manifestation pacifique, au sein des établissements scolaire. A travers l’opération baptisée « Craie Morte » et portée par le Collectif « On a Trop Souffert »(OTS), ils sont tous présents dans les salles de classe sans mais s’abstiennent de dispenser de cours. Si les établissement privés continuent sereinement les classes, ceux du public qui forment le plus grand nombre d’élèves sont en ballotage défavorable dans ce duel qui oppose les seigneurs de la craie et leur employeur : l’Etat. Au regard es nombreux problèmes que rencontre déjà le système éducatif camerounais sur les plans fonctionnel et de curricula, la gestion administrative et financière de la carrière querellée des enseignants vient plonger l’éducation dans l’agonie.

Un chapelet de revendications formulées

La grève entamée par les enseignants depuis pratiquement le 14 du mois de février dernier est nourrie par des revendications que les intéressés ont tôt fait de mettre sur la place publique via les réseaux sociaux et autres communiqués signés. C’est donc un total de 20 revendications qui ont été formulées à l’endroit Paulin MONGO du gouvernement par les enseignants du secondaire. Voici quelques-unes de ces réclamations dont les réponses conditionnent la reprise des cours. Le payement immédiat de la dette envers les enseignants, les 181 milliards relatif aux rappels, avancements, allocations familiales, et autres primes ; la révision, amélioration et arrimage aux aspirations des enseignants du statut particulier des enseignants ; l’indexation automatique des salaires des enseignants.

C’est à dire que les salaires des enseignants doivent augmenter automatiquement si l’inflation augmente d’un certain montant, à partir de 2% ; la revalorisation entre autres du salaire de base des enseignants 280 000f pour les A2 et 250 000f pour les A1 minimum, de l’indemnité de logement à 100 000f pour les A2 et 75 000f pour les A1, de la prime de recherche à 50 000f, de la prime de technicité à 30 000f. On note aussi l’introduction de certaines indemnités telles que celles de fonction comme chez les magistrats, d’eau et d’électricité, de transport pour les enseignants en zones rurales, selon l’éloignement par rapport au centres urbains le plus proche, de risques pour les enseignants affectés dans les zones d’insécurité et particulièrement difficiles. Les enseignants demandent «également l’automatisation des avancements avec effet financier, l’automatisation et l’harmonisation de la prime de rendement trimestrielle à 60 000f pour les A2 et 45 000f pour les A1 ; des paiements de nos avancements sans plus tarder ; la suppression immédiate du système de 2/3 et dès lors le paiement total des salaires et le paiement total des rappel de 2/3 et 1/3 sans implication des taxes sur nos rappels. Concernant la gestion des carrières des enseignants et la Gestion des Ressources Humaines en générale, les seigneurs de la craie revendiquent entre autres l’élaboration d’un véritable profil de carrière clairement défini avec tous les postes de travail qu’on trouve au Minesec et les conditions précises pour accéder à ces postes ; la formation continue des enseignants automatique. 3 mois de recyclage obligatoire à l’ENS/ ENSET après chaque 3 ans de service ; des enseignements avec des critères bien élaborés et des outils adaptés, sans conduire à des sanctions administratives mais ayant pour rôle de déceler les besoins de formation des enseignants et le perfectionnement des enseignants.

Le Ministre de l’éducation de base rattrapé par ses mensonges ?

Après que le Ministre Laurent Charles Etoundi Ngoa s’est gargarisé devant les médias du fait qu’aucun dossier lié à la carrière des enseignants à sa charge ne trainait sur sa table, le MINEDUB s’est dit satisfait il y a quelques jours lors d’une visite de travail dans la capitale économique de ce que les enseignants du primaire ne se soient pas engagés dans la grève, preuve de leur prise de conscience et de leur patriotisme. Lundi 14 mars dernier, les instituteurs ont tenu à manifester clairement leurs désidératas au gouvernement, contredisant le ministre. L’on a pu observer dans plusieurs établissements du pays, des manifestations pacifiques avec des revendications bien formulées, 21 au total. Ainsi, les maitres d’écoles primaires exigent, le recrutement des instituteurs au sortir des Ecoles Normales d’Instituteurs ; la réinstauration de la bouse mensuelle d’un montant de 80 000fCFA pour tous les élèvesmaitres(se) ; l’intégration des instituteurs formés et non la contractualisation ; l’intégration pure et simple des instituteurs contractuels qui sont sur le terrain ; le traitement dans un délai d’un mois les dossiers de contractualisation, d’intégration, de reclassement, des allocations familiales et d’avancement en sommeil au MINEDUB, MINFOPRA et MINFI ; le paiement des rappels non logement, intégration, avancement allocations familiales et autres primes ; le paiement des rais de relève sans aucune forme de protocole ; l’instauration de la prime craie à la main d’un montant de 10000fcfa et insertion automatique dans les salaires des enseignants titulaires de classes ; l’octroi d’une passe sanitaire pour les soins gratuits à chaque personnel enseignant afin de bénéficier du droit à la santé avec sa famille nucléaire comme le prévoit les textes en vigueur ; l’organisation des états généraux de l’éducation tous les cinq ans pour évaluer l’avancée de l’éducation au Cameroun ; le paiement du capital décès aux enseignants décédés dans l’exercice de leur fonction auprès des familles des concernés sans conditions aucune. On note également dans ces revendications, la mise en application immédiate du décret n°2000/359 du 5 décembre 2000 portant statut particulier du personnel des corps de l’éducation Nationale ; l’automatisation des avancements, des primes de sujétion ; la création d’une plateforme de mutation, d’affectation, ayant des paramètres et exigences et la mise sur pied d’une procédure de traitement des dossiers d’intégration dès que les listes d’admission au concours qui sera direct sont affichées afin de faciliter leur prise en charge à la fin de leur formation entre autres. « Nous considérons que le ministre s’est exprimé ainsi parce qu’il n’était pas au courant de nos revendications. Là il en est informé à travers notre mouvement », déclare une institutrice membre du Collectif « Trop C’est Trop »(CT).

Source: L'information N°038