Une controverse a éclaté à Bafoussam, dans l'Ouest du Cameroun, opposant l'Église catholique aux chefs traditionnels de la région. L'étincelle qui a mis le feu aux poudres : une homélie prononcée par Monseigneur Paul Lontsié-Keuné, évêque de Bafoussam, lors d'une messe à la cathédrale Saint-Christophe.
Dans son discours, Mgr Lontsié-Keuné a vivement critiqué certaines pratiques des chefs traditionnels, allant jusqu'à les qualifier de "païens" et "d'adeptes de Satan". L'évêque a notamment déclaré : "Un chef n'est qu'un chef, un point c'est tout ! Et Dieu est Dieu..." Ces propos ont provoqué une onde de choc au sein de la communauté traditionnelle.
La réaction des chefs traditionnels ne s'est pas fait attendre. Dans une réponse cinglante, ils ont rappelé que "l'Église catholique a été imposée aux Africains par des colons missionnaires par le fouet". Ils ont également accusé l'Église de baigner dans "l'hypocrisie", faisant référence à la récente validation par le Vatican de la bénédiction des couples homosexuels.
Cette confrontation met en lumière les tensions persistantes entre les valeurs traditionnelles africaines et la religion catholique, introduite pendant la période coloniale. Les chefs traditionnels, se sentant attaqués dans leur culture et leurs valeurs, ont annoncé une série de mesures de rétorsion, dont le boycott des églises "jusqu'à nouvel avis".
Cette situation soulève des questions importantes sur la coexistence entre la religion et la tradition dans la société camerounaise moderne. Elle met également en évidence la nécessité d'un dialogue ouvert et respectueux entre les représentants religieux et traditionnels pour éviter l'escalade des tensions.
Des observateurs locaux appellent à la modération et au respect mutuel, soulignant l'importance de préserver l'harmonie sociale dans une région où la religion et la tradition jouent toutes deux un rôle crucial dans la vie quotidienne des populations.
Cette controverse à Bafoussam n'est pas un cas isolé, mais s'inscrit dans un débat plus large sur la place des traditions ancestrales dans une société en pleine mutation. Elle invite à une réflexion approfondie sur la manière de concilier héritage culturel et évolution sociétale au Cameroun et, plus largement, en Afrique.
Alors que la situation reste tendue, de nombreux acteurs de la société civile appellent à l'organisation d'un forum de dialogue entre l'Église et les autorités traditionnelles pour apaiser les tensions et trouver un terrain d'entente respectueux des deux parties.