Cameroun : voici comment l’évêque Yves Plumey a été torturé puis assassiné

L'assassinat du prélat serait politique

Wed, 22 Mar 2023 Source: www.camerounweb.com

Arol Ketch, l’auteur de l’œuvre « Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun », raconte l’histoire du prêtre catholique Yves-Joseph-Marie Plumey assassiné en 1991 à son domicile. Les véritables auteurs de ce crime ne seront jamais inquiétés.

Né le 29 janvier 1913 à Vannes en France, Yves-Joseph-Marie Plumey est un prélat qui a beaucoup œuvré à installer le catholicisme dans la région septentrionale du Cameroun. Il a aussi œuvré pour l’éducation au sein de cette région. Il crée le collège Mazenod dans les années 50. Ce collège réputé a pris en charge l’enseignement secondaire dans cette région et a formé ce qui constitue aujourd’hui la crème des intellectuels, leaders et élites du nord Cameroun.

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1991, des individus s’introduisent dans la concession du prélat qui est endormi. Les conjurés frappent désespérément à la porte du prélat. Le prélat qui semble avoir reconnu les voix de ses visiteurs nocturnes se lève et leur ouvre la porte.

Erreur fatale. Il s'ensuit une chaude altercation, puis une bagarre. Le prélat âgé de 79 ans a compris ce qui se passe ; on veut sa peau. Il se débat comme un beau diable mais malheureusement, ses bourreaux prendront le dessus sur lui d’autant plus qu’il a une santé fragile. Ils le frappent avec une brutalité inouïe. Visiblement déterminés à l’assassiner, ils enlacent son cou et l’étranglent.

Le prêtre à la retraite s’écroule raide mort, le crâne fracturé. Ses bourreaux le ligotent avec l’aide d’un rideau. Ils passent au peigne fin sa maison visiblement à la recherche d’un document. Toutes les enveloppes, tous les plis, tous les tiroirs sont ouverts et le lit est mis sens dessus-dessous. Leur forfait commis, ils fondent dans la nature.

En cette matinée du 3 septembre 1991, les employés de maison du prélat découvrent le corps de l’évêque à l’entrée de son bureau tout près de la porte donnant sur la véranda, les pieds ligotés, le sang coulant de sa tête, dans les narines et la bouche. Le prélat est inerte en pyjama, son vêtement déchiré au niveau de la poitrine, son cou est tacheté de sang.

Les constats sont vite faits. Tout porte à croire que le prêtre à la retraite est mort étranglé. Son crâne est fracturé; probablement à la suite d' un choc violent contre le mur lors de la bagarre avec ses assassins. Un véritable travail de professionnels. Ceux-ci n’ont pas de laisser de traces ou d’indices pouvant les confondre.

Les assassins, visiblement habitués à ce type de sales besognes portaient certainement des gants. Ils étaient vraisemblement à la recherche d’un document. Puisque la chambre est sens dessus dessous. Les tiroirs et les enveloppes sont ouverts; les documents éparpillés.

Notons qu’une semaine avant sa mort, Mgr Plumey avait été très actif durant la visite du Président de la République à Ngaoundéré. Il était l’une des rares personnes à s’être entretenue longuement avec le Président de la République.

En réalité, il s’agit d’un assassinat politique. La police nationale, les raisons d’Etat et les réseaux mafieux de l’Eglise catholique vont noyer l’enquête et des innocents seront arrêtés et condamnés à la prison à perpétuité à la place des véritables assassins.

Le jour du procès, le représentant de Yves Plumey déclare : “ Libérez les innocents, les assassins sont connus. Que l’Etat fasse son vrai travail”

Les véritables assassins du prélat courent toujours. Le seul survivant des hommes accusés d'avoir tué Yves Plumey serait encore à la prison centrale de Ngaoundéré.

Pourquoi a-t-on assassiné Mgr Yves Plumey ? qui l’a assassiné ?

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