• On le surnommait "Château dynamique", de son vrai nom Ngandié Joseph
• C'était un chef de guerre abusivement appelé "maquisard" qui luttait pour l'indépendance du Cameroun
• Le célèbre Général Pierre Semengue le craignait énormément
C'est l'archiviste Arol Ketch qui revient encore sur le parcours de Ngandié Joseph alias "Château Dynamique", ce combattant et nationaliste Camerounais mort pour la libérer de son pays des mains des colons. C'était un homme très redouté par le célèbre Général Pierre Semengue qui le qualifie d'ailleurs comme « le meilleur chef de guerre des maquisards ».
camerounweb.com vous propose ci-dessous l'intégralité du texte de l'archiviste
Ils ont été appelés "maquisards" ou "rebelles" ; Ils se battaient pour une indépendance réelle du Cameroun et pour un Cameroun uni. Ils sont morts pour la patrie : « vaincre ou mourir » ; telle était d’ailleurs la devise de l’ANLK (Armée Nationale de Libération du Kamerun).
Ils sont morts pour la résistance et ont été oubliés de l’Histoire.
Notons que ces combattants de l’ANLK étaient très jeunes. Martin SINGAP chef d’Etat major de l’armée de libération nationale du Kamerun a 23 ans en 1956 lorsqu’il est à la tête de la structure militaire de l’UPC intitulé Sinistre de la défense nationale (SDN).
Paul Momo était âgé de 23 ans. Il s’est rendu célèbre par son habitude d’abandonner sur les lieux de ses attaques nocturnes, des tracts signés « MP » ou « Momo Paul Génie sans peur et sans reproche ».
Face à la puissance de feu de l’armée de l’air française qui utilisait du NAPALM, l’ANLK abandonne les « zones libérées » et opère un repli stratégique de survie.
Toutefois, quelques maquis bien organisés subsistent encore dans la Région. C’est par exemple le cas du maquis de Bangangté (baptisé accra-ville en hommage à la capitale du Ghana de Nkrumah) qui est sous la direction du redoutable Ngandié Joseph alias Château dynamique ; l’homme est à peine âgé de 25 ans. Il est secondé par Kana David alias Mallam défense et par un certain Amadou alias sans pitié.
Le maquis est grossi par les nombreux combattants fuyant les attaques ciblées et bombardements de l’armée française. Le QG de ce maquis influant s’établit dans la mission protestante de Batcha.
Depuis son QG, Château dynamique lance des attaques et des offensives victorieuses dans toute la région. Véritable chef de guerre stratégique, puissant et imprévisible, sa réputation s’en va grandissant. On lui attribue des pouvoirs mystiques.
L’homme est craint et redouté, rien que son nom fait trembler l’armée coloniale. Même les stratèges de l’armée coloniale sont en admiration devant de jeune chef de guerre qu’ils haïssent pourtant. La tête de Château dynamique est mise à prix ; il faut l’abattre à tout prix et détruire son maquis.
Château dynamique est surtout un bon stratège et un bon meneur d’hommes. Il sait comment utiliser efficacement ses hommes. Aidé par ses principaux subordonnés : « Pierre Loti », « Lame de rasoir », « Bon Blanc », Ngandjié multiplie des offensives coordonnées. A leurs faits d’armes entre autres : l’incendie de Bazou et du quartier Foréké à Dschang, attaques ciblées à Santchou, attaques d’une mission catholique de la Moumé à côté de Bafang etc.. C’est la guerre asymétrique. Ngandjié Joseph sait se fondre dans la nature et connaît survivre dans la brousse. A chaque fois que ses repaires sont détruits, il en crée des nouveaux.
Malheureusement, l’opération « BC/O » menée du 4 au 12 juin 1960 va détruire les repaires d’Acrra ville, Accra brousse, Accra centre et plus de deux cents combattants sont froidement exécutés. L’étau se resserre sur Château dynamique mais il n’est pas homme à se laisser influencer : « vaincre ou mourir », tel est son crédo.
A la suite de l’assassinat du député MOPEN Noé, les troupes de Semengué réussissent grâce à plusieurs indics à trouver le repaire de Château dynamique. Quoique surpris, ce dernier va se battre comme un beau diable, infligeant à lui tout seul de lourdes pertes du côté des troupes militaires ; Ngandié Joseph se sera finalement exécuté après avoir résisté farouchement.
Le Général Sémengué qui l’a combattu et orchestré son exécution parlera de lui des années plus tard comme étant « le meilleur chef de guerre des maquisards ». Il n’avait même pas 30 ans.
Ecrivons la vraie Histoire de notre pays. N’oublions pas ceux qui sont morts pour la patrie. L’oubli est la ruse du diable.