Cameroun : voici les contours de la mort subite du jeune Ibrahim Bello

Voici les contours de la mort subite du jeune Ibrahim Bello

Sat, 8 Jan 2022 Source: Le Jour

Ibrahim Bello est mort aux premières heures du 1er janvier 2022 à Biakoua, une localité située dans l’arrondissement de Mbangassina, département du Mbam et Kim dans la région du Centre. La victime a été inhumée quelques heures après son décès, selon la tradition musulmane. Dans un communiqué de presse, l’Ong Mandela Center international relève que, ce jeune est mort des suites des complications liées à l’amputation de ses deux jambes depuis quatre ans. Ibrahim Bello, c’est ce jeune qui avait été sauvagement torturé en 2017 dans les locaux du poste de police à Ombessa près de Bafia par les policiers. Après avoir été sujet à des atrocités, la victime avait été jetée dans une brousse avant d’être retrouvé par les passants qui l’avaient conduit au Centre médical d’Ombessa avec les jambes complètement charcutés. Les images publiées sur les réseaux sociaux avaient suscité une indignation totale. Les actes de torture infligés à ce jeune décédé à 21 ans ont provoqué l’amputation de ses deux jambes.

Suite à ces traitements inhumains et dégradants de la part des policiers, le jeune Ibrahim Bello avait été interné à l’hôpital central de Yaoundé pendant plus de dix mois où il a subi une opération chirurgicale. Après sa sortie de l’hôpital, il avait été pris en charge au Centre national des Handicapés. Après, il avait été libéré pour rejoindre sa famille et depuis l’accident, la victime se déplaçait à l’aide d’une chaise roulante acquise grâce à la contribution des âmes de bonne volonté.

L’Ong Mandela Center international soutient que la prise en charge de la victime au Centre des Handicapés de Yaoundé reposait sur trois missions essentielles à savoir: une rééducation fonctionnelle en faveur de la victime, la dotation d’un appareillage ultramoderne pour faciliter ses déplacements, la prise en charge psychosociale et la reconversion socio-professionnelle afin de permettre à la victime de surmonter le choc. L’Ong Mandela Center international relève également que tous ces engagements pris par les responsables du Centre à travers un cahier des charges validé par le ministre des Affaires sociales n’ont pas été respectés au moment de son « expulsion » du Centre national des handicapés.

Verdict contesté.

L’un des bourreaux avait été condamné par le tribunal à quatre ans d’emprisonnement ferme et un autre policier a été condamné à trois ans de prison avec sursis pendant trois ans. Un verdict qualifié par les associations de défense des droits de l’homme et des avocats du plaignant comme un verdict de la honte à l’encontre de ces agents de l’Etat qui sont censés protéger les citoyens. Sans moyens financiers et faute d’une prise en charge adéquate à longue durée par les services sociaux, le jeune Ibrahim Bello s’était réfugié non loin de Ngoro pour garantir sa survie. Le policier condamné par le tribunal de Bafia avait interjeté appel devant la Cour d’appel du centre. La famille d’Ibrahim Bello avait également fait appel car elle estimait que la somme de 50 millions de dommages et intérêts infligés à la Délégation générale à la Sureté nationale était insuffisante pour réparer le préjudice subi par la victime. Me Emmanuel Simh qui assurait la défense de la victime devant la Cour d’Appel affirme que la dernière audience a eu lieu le 14 décembre 2021. « Ce jeune homme vivait dans une misère déplorable. Il avait de la peine à assurer son déplacement pour participer aux audiences. Après sa sortie du Centre national des Handicapés à Yaoundé, il était obligé de rejoindre ses oncles au village parce qu’il n’arrivait pas à trouver facilement de quoi manger. Etant donné que ses oncles également n’ont pas assez de moyens financiers, le jeune homme n’a pas pu survivre aux atrocités subies depuis 2017 », affirme l’avocat.

Source: Le Jour